J’avais 16 ans quand ma grand-mère a été opérée d’un cancer du pancréas. C’était en avril 1973. A l’époque le verdict a été net : opération trop tardive. Ma grand-mère était condamnée.
Mon grand-père a alors décidé de lui faire vivre ses derniers jours dans leur maison. Dès son retour elle était dans un état comateux. Une infirmière venait lui faire des injections de morphine chaque jour. Elle était nourrie par sonde piquée à même le ventre. Les moindres gestes pour lui changer sa protection la faisaient grimacer de douleur.
J’allais m’occuper d’elle pendant le week-end pour permettre à mon grand-père de prendre l’air.
Son agonie a duré quatre longs mois. 4 mois où je n’ai pas pu communiquer avec elle. Elle était douloureuse avec des escarres (plaies qui se creusent quand le patient reste dans la même position pendant longtemps).
Les odeurs étaient tenaces. Rien n’en venait à bout. Ma grand-mère pesait 30 kilos pour 1,70m.
Mon grand-père voulait qu’on arrête les soins et cela a été impossible. Il en était malade. Notre impuissance à hâter ses derniers moments m’a marquée à un point inimaginable.
C’était en plus ma confidente, celle à qui je confiais mes secrets de jeune fille.
Le jour où elle est partie le soulagement a été plus fort que le chagrin.
Marie-Hélène