Débattue jeudi dernier à l’Assemblée nationale, la proposition de loi pour « une fin de vie libre et choisie » n’a pu être adoptée. Jacques Krabal dit pourquoi il l’aurait votée.
C’est une avalanche d’amendements (quelque 3 000) qui a empêché l’adoption de la proposition de loi d’Olivier Falorni (Libertés et Territoires) jeudi 8 avril à l’Assemblée nationale. L’article 1er qui prévoit la création de « l’assistance médicalisée active à mourir » a néanmoins pu être voté à une très large majorité (240 pour et 48 contre). Les amendements de suppression de l’article ayant été rejetés, eux, par 256 voix contre 56.
Pas au programme, pas le moment…
Le reste de la proposition de loi a donc succombé sous la masse des amendements et le grand débat sur le droit à mourir dans la dignité semble donc remis à plus tard. Certains députés de l’opposition ayant d’ailleurs fait remarquer, comme Marc Le Fur (LR) que le « président de la République n’avait pas évoqué » le sujet durant sa campagne et que « la mort exigeait plus de réflexion, plus de temps, plus de travail ». Et le ministre de la Santé, Olivier Véran, n’a pas caché, lui, qu’il n’était « pas convaincu qu’il faille ouvrir aujourd’hui un débat de cette envergure. »
Une loi dans un contexte
Le député (LREM) de l’Aisne, Jacques Krabal, semble, lui, tout à fait convaincu de la nécessité de légiférer vite. Il l’explique aux habitants du sud de l’Aisne en commençant par faire le point : « Si tout doit être mis en œuvre pour donner davantage de moyens aux soignants et améliorer les soins palliatifs, sans oublier l’appui qui doit être apporté aux associations d’accompagnement à domicile comme le réseau Cecilia dans le sud de l’Aisne, il faut aller plus loin. Oui, tout être fait pour qu’au-delà de la nécessité de mourir dans la dignité, chacun puisse d’abord vivre dans la dignité jusqu’au bout. C’est cela notre grande ambition. Et c’est pourquoi il nous faut améliorer les conditions de vie de nos aînés, que ce soit à domicile ou dans les Ehpad. Je suis aussi impatient de voter une loi sur le grand âge pour améliorer encore la prise en charge de la grande dépendance, qui est un enjeu majeur pour notre société. »
Une cinquième proposition de loi depuis 2017
Et il retrace l’historique du sujet au cours de ce quinquennat présidentiel : « Depuis 2017, pas moins de quatre propositions de loi avaient été déposées sur le sujet de la fin de vie. Au-delà de la loi dite Leonetti, elles rappelaient la nécessité de légiférer et d’adapter nos normes au profit des droits des patients atteints de maladies incurables. L’Assemblée nationale s’est honorée lors de ces débats : travail transpartisan, écoute et respect des convictions de chacun ont permis des échanges apaisés et constructifs. Reste à transformer l’essai dans l’hémicycle, malgré la volonté d’obstruction de certains parlementaires. »
On sait ce qu’il en est finalement advenu jeudi dernier…
« S’adapter avec force à ces mutations »
Le député de l’Aisne reste convaincu de l’importance des réformes sociétales et il l’explique ainsi : « Chaque avancée pour les droits de nos concitoyens, qu’il s’agisse du droit de vote des femmes, de l’abolition de la peine de mort, de l’interruption volontaire de grossesse défendue par Simone Weil, du pacte civil de solidarité ou plus récemment du mariage pour tous, a montré à quel point ces réformes étaient structurantes dans nos sociétés. Ces grands marqueurs de l’histoire française rendent fiers nos concitoyens. Nous sommes fiers d’être une République indivisible, laïque, démocratique et sociale, qui a su au fil des évolutions de la société, qu’il s’agisse des droits des femmes, des personnes homosexuelles ou aujourd’hui des personnes âgées et/ou malades, s’adapter avec force à ces mutations. »
Et, comme s’il pressentait ce qu’il allait se passer jeudi dernier, il s’interrogeait aussi : « Alors que l’Espagne vient d’accorder le droit à mourir dans la dignité, serons-nous encore les derniers de l’Europe ? Lorsqu’on sait que les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, sont bien en avance sur la France à ce sujet. »
Très favorable à la proposition de loi d’Olivier Falorni, Jacques Krabal citait aussi son article 1er (le seul à avoir pu être adopté donc) : « Toute personne capable et majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable, peut demander à disposer, dans les conditions prévues au présent titre, d’une assistance médicalisée active à mourir. »
Jacques Krabal aurait voté pour…
En conclusion, le député de l’Aisne disait pourquoi il voterait la proposition de loi même s’il ne se faisait pas trop d’illusions : « Cette disposition, très encadrée, s’appuie sur des règles très précises. Je sais que le sujet fait débat dans notre société, que certaines personnes sont opposées à toute évolution, mais en conscience, compte tenu des garde-fous proposés, je voterai en faveur de ce texte, si le vote arrive à son terme. »
Source :
« Actu.fr » – par Jean-Michel Rochet – 16.04.21
(sur Twitter : @JMRochet)