Lors de la MVA (Mort Volontaire Assistée), il y a toujours au moins deux personnes de l’association* : le médecin et le responsable. J’y assiste moi-même quand ce sont des francophones.
Les Français se distinguent, de plus, par leurs fort nombreux accompagnateurs (jusqu’à 5).
Cela se passe très vite et pourtant très calmement pour celle ou celui qui a décidé dubonmoment pour mourir. Bon, car il faut une forte détermination pour choisir sa mort. J’ai vu des gens assez abîmés par la maladie partir dans un élan incroyable.
Évidemment les proches (enfants adultes) à moitié convaincus par la MVA peuvent continuer à ne pas accepter ce choix, même après la mort. Mais je n’appellerais pas ceci un traumatisme, plutôt la colère de ne pas avoir été la seule priorité de leur parent.
Je m’étonne que le Pr Sicard**, dans cette situation, emploie le mot ‘traumatisme’, dont le sens est généralement lié à un évènement très inattendu. Peut-être parce que, jusqu’au bout, ces enfants espèrent encore peser sur la décision ?
Enfin, je peux vous dire que ni le médecin ni le responsable ni moi ne sommes bouleversés par la mort elle-même. Le sentiment de délivrance et de paix que révèle le visage de la personne au seuil d’une mort volontaire est évident. C’est la tristesse des proches après la mort qui me rend parfois très triste, ainsi que de les savoir rentrer chez eux sans cette mère aimante et aimée. Car les femmes sont très largement majoritaires, selon mon expérience (13 sur 15). Les deux seuls hommes étaient venus avec leur femme.
Jeanne – mai 2021
*Note du Choix : la présence d’un médecin n’est pas une obligation en Suisse, nous sommes là devant une particularité de l’association concernée.
** Emission sur France Culture du 15.5.21 avec Alain Finkielkraut et Didier Sicard