« J’ai fait le choix de vivre le temps qui m’était nécessaire et le temps dont j’aurais la force de vivre pleinement…Ma vie a été prolongée grâce aux soins médicaux reçus…»
«Voilà 25 années qui se sont écoulées depuis le jour où la mort m’a convoquée de rendre mon corps au grand corps des origines cosmiques dont il provient.
J’arriverai, donc, à ce rendez-vous du 17 décembre 2014, avec 25 années de retard !
Toute patience a ses limites, cette fois-ci le grand repos, ce corps l’attend avec soulagement.
Mais mon âme l’accepte plus humblement, le Monde est si beau …
Allons mon âme déploie tes ailes …
Ici commence le grand ailleurs que la vie tient dans son secret, à elle…
Adieu à chacune et à chacun »
Ces lignes sont extraites du dernier message reçu de mon amie B.., avec qui j’ai encore parlé la veille de son grand départ. Heureuse, sereine, sans aucun regret, elle est partie entourée de ses enfants et de deux médecins. Ci-dessous, vous pourrez lire un résumé de son parcours, parcours qui nous rappelle à tous que l’euthanasie n’est pas un droit, mais que la loi offre au patient la possibilité de formuler une demande d’euthanasie dans les situations qu’elle précise et qu’elle permet au médecin de la pratiquer sans risque d’inculpation.
Suite à un accident en 1989, cette femme (fort jeune à l’époque) s’est retrouvée avec des fractures, des hémorragies multiples, une grande fatigue et de plus en plus de difficultés à se préparer, sans oublier des problèmes sphinctériens. Ces douleurs étaient fort invalidantes et la morphine (entre autres médicaments) l’a aidée à tenir pour élever son fils et espérer un mieux.
Les jours avec, cette psychothérapeute de formation a su apprécier la vie. Très créative, c’était aussi une artiste. C’est d’ailleurs dans une académie que nous nous sommes connues.
Les jours sans, les spécialistes se sont accordés à dire « on ne peut rien faire de mieux pour vous maintenant ! ».
Les mois, les années ont passé. En tout cas, il s’agissait bien d’une affection créant des douleurs physiques (et aussi psychologiques) inapaisables dans le cadre d’une pathologie incurable et irréversible…depuis 1989.
Heureusement, B… était membre de l’ADMD Belgique et EOL existe. Par le biais d’EOL (*) son généraliste, d’abord réticent (n’ayant jamais pratiqué cet acte), a petit à petit mieux compris la demande de sa patiente et a été soutenu par un médecin référent, praticien qui a été présent même le jour de l’euthanasie.
(*) EOL Forum médical End of Life