Le scientifique aux 1 000 vies s’est éteint à l’âge de 76 ans, d’un cancer. Il avait évoqué ses dernières semaines d’une façon poignante sur Twitter.
« Jusqu’en avril, je planifiais les années civiles ; puis des saisons. Ce furent bientôt plutôt les semaines. Ce ne sont plus désormais que les aubes naissantes que je verrai, émerveillé, bleuir. Cela en vaut pourtant toujours la peine », tweetait Axel Kahn le 29 mai dernier. Le médecin et généticien, qui venait de quitter la présidence de la Ligue nationale contre le cancer, s’est éteint le 6 juillet et aura presque jusqu’au bout, sur Twitter, sur son blog, dans de nombreuses interviews écrites et télévisées, tenté de raconter ce que c’est, pour un homme, que de voir arriver sa fin.
Début avril, un mois à peine après la sortie de son dernier livre* (le 30e !), l’ancien chercheur apprenait en effet l’aggravation « fulgurante » du cancer dont il souffrait jusqu’ici en secret. La mort se profilait et il le fit aussitôt connaître publiquement pour ne plus cesser, dans des messages poignants et parfois un peu déconcertants, d’évoquer l’affreux compte à rebours et d’en tirer des leçons de sagesse.
Au fond, le dernier des frères Kahn a aimé raconter sa mort presque autant qu’il goûtait à l’exercice de narrer sa vie. « Je crois fondamental de préciser quelles sont les bases culturelles et éducatives, quels sont les expériences et présupposés qui ont façonné ma personnalité morale », disait-il dans une interview donnée au Point en avril 2010. « C’est une clé de lecture essentielle et l’exercice vaudrait d’ailleurs pour tous les individus qui usent de la parole publique »… Or c’est peu dire que l’ancien chercheur et président d’université a lui-même usé de la parole publique en prenant part à d’innombrables débats sociétaux et bioéthiques et en défendant, d’après l’humanisme agnostique dont il se revendiquait, ce qui lui semblait ou non moralement acceptable.
Source :
« Le Point » – Sciences – par Violaine de Montclos – 06.07.21