Avec pour leitmotiv l’apaisement des souffrances, le médecin belge s’est investi dans le combat pour l’euthanasie. Grâce à la loi de 2002 l’autorisant, il la pratique auprès de personnes condamnées par une maladie durable et incurable, dont de nombreux Français. Dans son livre Maintenant qu’ils ne sont plus là, des proches de patients qui avaient choisi cette mort douce saluent son courage. Mais pour leur « héros », la responsabilité est lourde à porter.
Comment avez-vous été amené à vous investir dans l’action pour le droit à l’euthanasie ?
Des raisons personnelles, d’abord. La longue agonie de mon frère, mort du sida après plus d’un an d’hospitalisation, m’a fait beaucoup réfléchir sur les fins de vie pénibles. Mon métier de médecin généraliste, ensuite. L’année prochaine, cela fera cinquante ans que je l’exerce. Dans ce cadre, je suis très régulièrement confronté à la souffrance des patients. Avant la loi sur l’euthanasie de 2002 en Belgique, j’ai vu agoniser des patients pendant des mois, si pas plus. Malgré les traitements à notre disposition, on n’arrivait pas à toujours tout calmer, les souffrances physiques, les souffrances psychologiques et psychiques. Avec d’autres médecins, on s’est dit qu’il fallait essayer d’abréger celles de patients atteints de maladie incurable. Mais il a fallu des années pour aboutir à l’adoption de la loi.