Dans le passé, j’avais osé affirmer que « l’aidé : c’est le premier proche aidant », et ça en avait surpris plusieurs à l’époque. Je reviens de nouveau avec la même affirmation et je vous en explique l’origine. Elle vient du fait que dans mon esprit, tout aidé, adulte et apte, devrait faire reconnaître qui il est, avec ses valeurs, ses croyances, ses objectifs, bref, tout ce qui fait sens pour lui dans sa vision de son avenir. Le tout empreint de dignité et faisant suite à des choix libres et informés.
L’importance de bien occuper sa place dans la relation aidé-aidant est primordiale quand l’aidé est encore apte. Prenant toute la place qui lui appartient, ce sera tellement plus simple ensuite pour l’aidant. Il n’aura alors qu’à négocier les ententes de services et de soins à lui offrir, ainsi qu’à mettre ces ententes à jour régulièrement, selon les besoins et les circonstances. Quand l’aidé respecte le proche aidant, ce dernier ne peut que faire pareil.
Tout aidé apte se doit d’être généreux, responsable et plein de civisme, en faisant connaître par écrit ses directives anticipées de fin de vie, au cas où il deviendrait inapte. Sans de telles directives, le proche aidant se retrouvera dans le brouillard. Tout comme il est de première importance que l’aidé nomme son mandataire et lui dicte ses volontés.
Tout le monde doit savoir que même si l’aidé a des droits et libertés, il a aussi en contrepartie, des responsabilités. Entre autres celle de se rappeler qu’au moment venu de son inaptitude, il devient automatiquement, par l’expression de ses volontés, le premier aidant de son aidant personnel.
En résumé de ce que je souhaite transmettre comme message : la personne aidée doit être et demeurer au centre et au cœur du processus d’information et de décision la concernant. À mes yeux, à cet égard, elle demeure donc l’aidante première, soit l’aidante de son aidant.
Tout ça pour dire que l’aidé devrait idéalement faire partie d’une communauté proche aidante dans sa vie active. Ce qui devrait inciter notre gouvernement actuel et les gouvernements futurs, à redonner de plus en plus de place aux CLSC, qui devraient être ouverts 24h/24h, pour devenir le pivot central de la communauté des proches aidants. Avec, bien évidemment, les ressources financières pour remplir un tel mandat. Je terminerai en exprimant ma gratitude et mon admiration aux nombreuses personnes œuvrant dans la communauté de la proche aidance !
Yvon Bureau, travailleur social **
Monsieur Bureau, vous œuvrez depuis tant d’années dans la sphère de la proche-aidance, que je trouvais important de publier votre écrit qui, même s’il surprend au premier abord, conserve sa pertinence quand on en prend la pleine mesure, soit celle de ne pas se livrer à la merci du hasard.
** membre du Comité d’honneur du Choix-Citoyens pour une mort choisie
Source :
« Journal de Québec.com » – Louise Deschâtelets – 18.01.22