« LES INVISIBLES »
Projection du lundi 23 mai au cinéma « Le Brady »
C’est dans un cinéma aux fauteuils de velours rouge, style Art déco que s’est déroulée cette séance soutenue par notre association.
La salle, d’une capacité de 100 personnes, affichait « complet ». Les étudiants venus assister à la projection des films de leurs camarades côtoyaient les adhérents et sympathisants de notre association.
Le débat qui a suivi la projection des trois documentaires a suscité de nombreuses questions à la fois sur les conditions techniques et matérielles de tournage et sur le thème des trois réalisations.
Thème difficile et audacieux , chacun portant le regard sur ce qui reste souvent invisible dans notre société contemporaine : les blessures de la vie, le lieu du dernier repos, son ultime étape .avec le documentaire de Cyril Theophilos « Un mal pour un bien » .
« Un mal pour un bien » filmé au Québec avec la collaboration du Docteur Georges L’Espérance, Président de l’AQDMD, avait pour sujet le choix de l’aide médicale à mourir par deux malades, atteints de maladies incurables. Rappelons que ce dernier soin est encore illégal en France et s’accomplit dans la clandestinité et le risque de poursuites judiciaires pour les soignants.
Les questions ont porté sur :
– Le rôle du médecin, que l’on voyait dans le film , au domicile des patients, informant sur les conditions juridiques permettant l’aide médicale à mourir , à l’écoute à la fois du patient et des réactions de la famille.
– Le consensus qui régnait dans les deux familles par rapport à la décision du patient.
Malgré la tristesse qu’ils exprimaient, certains participants ont été surpris par la sérénité des proches . Témoignant de situations vécues, Ils ont souligné que cette acceptation est parfois difficile à obtenir . Elle passe nécessairement par le dialogue que le Docteur Georges L’Espérance facilite incontestablement.
– Les critères d’acceptation de l’aide médicale à mourir pour la maladie d’Alzheimer :
L’un des patients étant atteint à la fois de cancer et d’une maladie d’Alzheimer , j’ai rappelé qu’au Canada , comme en Belgique, tant que ces malades sont capables de discernement ils peuvent demander l’aide médicale à mourir.
Pourquoi demander l’aide médicale à mourir alors que la sédation profonde est légale en France ?
Cette question a permis au docteur Françoise Bergeron de rappeler que les indications de la sédation profonde permise par la loi Claeys Leonetti sont très restrictives. Elles ne concernent que les malades en phase terminale d’une affection grave et incurable, pour lesquels le pronostic vital est engagé à court terme .
Les deux malades présentés dans le documentaire n’auraient pas pu obtenir en France la sédation profonde .Les dispositions de la loi française ne répondent pas aux détresses liées aux maladies neurologiques dégénératives, à évolution lente, telle la sclérose en plaque ( maladie d’un des patients du documentaire) ou les cancers incurables ; d’où le très grand nombre de malades qui partent en Belgique ou en Suisse.
Par ailleurs, l’arrêt de tous les traitements au début de la sédation , y compris l’hydratation et l’alimentation, causent une insuffisance rénale aigüe, cause du décès. Cependant, celui-ci ne survient pas rapidement entraînant une prolongation de l’agonie, douloureuse pour les familles, notamment devant le dépérissement physique visible et des symptômes qui interrogent sur ce que le malade ressent. Notre association, reçoit de nombreux témoignages de familles très éprouvées ..
Les échanges avec les participants auraient pu se prolonger au-delà de 21h30 , mais une séance était programmée dans notre salle .
Nous félicitons encore Cyril Theophilos réalisateur de ce documentaire « Un mal pour un bien ».
Celui-ci a suscité beaucoup d’intérêt de la part de nos adhérents et le souhait de pouvoir le projeter dans nos réunions publiques.
Nous espérons que ces trois jeunes réalisateurs, qui ont terminé brillamment leurs études , trouvent rapidement des opportunités d’emplois à la hauteur de leurs talents.
Annie Wallet