Un grand chantier s’ouvre dans le dossier de l’aide médicale à mourir : en plus des demandes anticipées présentement à l’étude, un élargissement aux personnes handicapées et à celles atteintes d’un trouble de santé mentale devra aussi être envisagé rapidement, estime le Collège des médecins.
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L’ordre professionnel des médecins était le premier groupe entendu en commission parlementaire sur le projet de loi 38, mardi.
Québec souhaite permettre aux personnes atteintes de trouble cognitif (comme l’Alzheimer) de faire une demande anticipée d’aide médicale à mourir à être administrée au moment où elles ne seront plus aptes à le demander.
Déjà, ce premier chantier ouvre des questions importantes. Comment pourra-t-on évaluer la souffrance d’une personne inapte à la communiquer ? Qu’arrive-t-il si un patient qui a fait une demande anticipée refuse à plusieurs reprises de recevoir l’aide médicale à mourir (AMM) ?
Ces questions sont « extrêmement complexes » et devront être discutées avec le patient au moment de remplir une demande anticipée, affirme le Collège.
Mais les élus québécois doivent se préparer à envisager des questions encore plus délicates, affirment son président, le Dr Mauril Gaudreault, et son directeur général, le Dr André Luyet.
Handicap ou trouble mental
Le gouvernement fédéral permet déjà l’aide médicale à mourir pour les personnes handicapées, ce qui force les médecins à déterminer quelle loi, fédérale ou provinciale, s’applique.
De la même façon, le gouvernement fédéral pourrait élargir l’AMM aux personnes atteintes d’un trouble mental dès l’an prochain. Le Collège demande aux élus de prévoir dès maintenant que la loi québécoise s’harmonisera à celle d’Ottawa dès son adoption.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a reconnu que de grands chantiers demeurent à aborder. Le projet de loi à l’étude « n’est qu’une autre étape », a-t-il déclaré.
Bien connue pour son travail dans la question de l’aide médicale à mourir, la députée péquiste Véronique Hivon a souligné que les élus doivent d’abord créer un consensus avant d’avancer dans ce dossier.
Source :
« Le Journal de Montréal » – Patrick Bellerose – 31.05.22