Témoignage d’un adhérent.
J’ai eu l’occasion d’assister à trois euthanasies, au Québec et en Belgique et à deux suicides assistés, l’un en Suisse, l’autre en France. Ce que j’en retiens c’est que ce furent chaque fois des moments paisibles et même, c’est ainsi que les ai personnellement vécus, des moments d’amour. Les femmes et les hommes ayant fait ces choix s’y étaient longuement préparés, avaient pris le temps, dans les jours ou les semaines précédant le jour choisi, de dire au revoir à leurs proches.
J’ai du mal à comprendre les réticences de celles et ceux qui s’opposent à la légalisation de l’euthanasie. Pour plusieurs raisons :
1°) Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la légalisation n’aura pas pour conséquence d’augmenter les euthanasies. Personne ne peut sérieusement contester que les euthanasies se pratiquent déjà. Plusieurs médecins courageux en ont fait état publiquement. La loi permettra donc « seulement » (mais c’est très important) qu’elles se passent dans de meilleures conditions, sans la lourdeur, l’inquiétude liées à la clandestinité. Si j’affirme que le nombre d’euthanasies n’augmentera pas sensiblement c’est par référence à ce qui s’est passé il y a 50 ans à propos de l’avortement. Les partisans de la légalisation étaient sûrs que le nombre d’avortements diminueraient grâce à une meilleure information contraceptive prodiguée lors de l’avortement. Les opposants étaient tout aussi persuadés que le nombre d’avortements augmenterait du fait même de la légalisation. Tous se trompaient : le nombre n’a pas sérieusement changé ! Mais la sortie de l’avortement de la clandestinité a permis de sauver des centaines de vies de femmes chaque année. Sortir l’euthanasie de la clandestinité permettra pour celles et ceux qui la choisiront de mourir dans de bien meilleures conditions que dans le secret et la peur actuels.
2°) Les dérives dont il si souvent question est un fantasme. J’en veux pour preuve la situation belge. La loi autorisant l’euthanasie, moyennant des conditions strictes, est en vigueur depuis 20 ans. Une commission de surveillance a été mise sur pied pour dénoncer d’éventuelles dérives. Cette commission est composée notamment de personnes défavorables à la légalisation de l’euthanasie. Aucune dérive n’a été constatée ! Pourquoi diable (!) en serait-il autrement en France ?
3°) Les citoyens catholiques militants sont particulièrement actifs pour s’opposer à la légalisation. Tout comme ils ont été longuement opposés au divorce. Oseraient-ils prétendre qu’ils continuent à s’opposer à la loi sur le divorce ? Je ne crois pas. Aucun catholique, aucun chrétien ne sera jamais obligé de choisir l’euthanasie. Amis catholiques n’ayez donc pas peur : vos croyances seront respectées tout comme nous attendons de vous que vous respectiez les nôtres.
S.V. février 2023