Affirmations des opposants
Si la loi permettait l’aide active à mourir, cela fragiliserait les personnes vulnérables.
Certaines personnes se sentent coupables d’être une charge et demandent une aide à mourir.
Les demandes d’aide à mourir sont dues à des pressions de la famille et de la société.
Position du Choix
Rappelons que le code pénal définit une personne vulnérable comme « une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique […] »
Or les opposants ont tendance à considérer que toute personne atteinte d’une maladie incurable est vulnérable et qu’elle est incapable de se protéger. Cette position peut conduire à une restriction abusive du droit de la personne à prendre une décision personnelle.
La loi prévoit des dispositifs de mise sous protection juridique (tutelle, curatelle, habilitation familiale) pour des personnes qui ne sont pas en mesure de se protéger. Il serait dangereux d’aller au-delà de ces approches, sinon on risque de priver abusivement du droit à l’autonomie.
Si l’on considère qu’une personne est capable de prendre des décisions concernant ses finances, son patrimoine et son testament, ou son vote lors d’élections, il est indéniable qu’elle est capable de décider ce qui est bon pour elle-même quand il s’agit de sa fin de vie. De fait, la plupart des patients avec maladies incurables restent aptes à décider pour eux-mêmes.
Ne pas vouloir être une charge pour sa famille peut être un acte volontaire assumé. Il est compréhensible que des personnes « ayant vécu leur vie », ne souhaitent pas entraver la vie de leurs proches, au risque de les épuiser complètement, sans que ce soit en raison d’une soi-disant fragilité.
Les opposants surestiment l’impact des pressions extérieures qui induiraient une demande à mourir, mais :
La volonté innée de vivre est tellement forte qu’aller à son encontre requiert une motivation très forte. Cette volonté, ainsi que la peur de la mort, est présente aussi chez des personnes atteintes d’affections graves : cela leur fait supporter longtemps des conditions de vie difficiles, avec des traitements lourds ou une déchéance continue.
Cette puissante pulsion vitale explique le fait que, dans les pays où l’aide à mourir est permise, elle ne concerne qu’une faible proportion des décès (3% en Belgique, 7% au Québec). Non, les Français ne se précipiteront pas pour demander une aide à mourir, même ceux fragilisés par la maladie.Dans un contexte neutre, si un soignant l’interroge sur ses souhaits véritables, un patient affirmera, à un moment donné, qu’il n’est pas prêt à mourir, même s’il a subi des pressions. Il faut donc lui faire confiance et veiller, d’autant plus s’il est vulnérable, à ne pas l’influencer, ni interpréter sa demande. Nous pensons que les convictions personnelles des soignants risquent de faire écran à une bonne écoute des patients en niant leur véritable volonté, ce qui est étayé par l’expérience d’Elsa Walter – voir citation ci-dessous.
Citations
Elsa Walter accompagnatrice de patients, auditionnée par une commission spéciale parlementaire9 :
« Un point qui m’apparaît fondamental c’est de faire confiance à la parole de la personne concernée, donner du crédit à son vécu. J’insiste sur ce point parce que j’ai pu constater en écoutant les personnes gravement malades qu’il existe une tendance de fond à délégitimer leurs paroles sous couvert de leur vulnérabilité, et elles en souffrent. Il y a là aussi un sujet de formation pour sortir de la verticalité du rapport soignant-soigné. »
« Il existe une tendance de fond à infantiliser les personnes gravement malades sous couvert de leur vulnérabilité – vulnérabilité qui est intrinsèque à leur condition mais ne leur ôte pas pour autant leur capacité de penser et de décider par et pour elles-mêmes. De nombreux patients m’ont confié souffrir de cette posture médicale visant souvent abusivement à « protéger le malade contre lui-même ».
Références
9 Audition de la Commission spéciale parlementaire sur le projet de loi fin de vie avril 2024 – Retour