Face aux souffrances de leurs patients en fin de vie… des médecins n’oublient pas leur humanité et n’admettent pas l’inacceptable : une agonie dans d’immenses souffrances qui est la seule voie « autorisée » par notre cadre légal en France.
Le Docteur Denis LABAYLE, co-président de l’association le CHOIX témoigne avec courage et détermination devant les caméra de France 2.
Extraits de texte de l’interview :
Certains médecins pratiquent des euthanasies à l’hôpital public, l’un d’entre eux a accepté de nous en parle à visage découvert.
Denis LABAYLE a été chef de service pendants 26 ans en gastro entérologie dans un grand établissement d’île de France en 1994. Il avait déjà été filmée par envoyé spécial dans le cadre d’un portrait de plusieurs grands médecins.
Aujourd’hui il lève un tabou : il existerait des euthanasies dans certains hôpitaux publics.
« on n’en parle jamais, on n’en parle jamais, disons qu’on parle avec le collègue avec qui on travaille, là on discute des cas par cas, d’une façon générale je dirais de service a service, c’est un sujet qui n’est pas tabou c’est le silence !
Les gens n’ont pas été formés pour parler des choses essentielles de la souffrance de la mort… non cela ne fait partie des discussions, c’est extraordinaire, c’est quotidien mais c’est extraordinaire.
On sait que ça se fait, on sait que ça se fait couramment. Alors ça dépend des services, du médecin ça dépend de l’ambiance de l’équipe… »
Confrontés à des patients atteints de maladies très graves, il a fait face à des souffrances que son équipe et lui ont jugé inacceptables.
« Les infirmières de nuit connaissent bien, vous apporte bien de l’information, elles voient la situation dramatique et elles disent que cela ne peut pas continuer comme ça il faut être humain. Et bien sur on en tient compte »
« C’est très simple pour moi j’avais une philosophie c’est répondre à la demande du patient, c’est à dire que s’il veut avoir absolument l’équivalent de la loi LEONETTI qu’il soit déshydraté sans alimentation et qu’il meurt en 15 jours, 3 semaines c’était épouvantable pour l’équipe, épouvantable, anti éthique pour moi, mais si les gens le réclamais je l’appliquais. »
« Par contre beaucoup de gens me disent écoutez on voudrait partir vite ça suffit on a suffisamment souffert et bien sûr qu’on accélérerait, et bien sur on accélérait selon les demandes de la personne »
« Les produits seront les plus efficaces ne seront pas disponibles pour nous, il faut être clair, les produits utilisés en anesthésie qui permettent d’endormir les malades tranquillement, ils ne sont pas disponibles, je dirais même depuis la loi Leonetti, ils sont de plus en plus contrôlées, comptabilisés au niveau des blocs opératoires donc l’idéal on l’a pas, alors on arrange avec des associations de tranquillisants morphiniques à forte dose avec qui roule c’est au bout d’un certain temps certaines doses ont un effet léthal. »
« Et vous vous aviez conscience d’enfreindre la loi complètement ? »
« Oui, bien sûr parce que j’avais conscience d’être humain »