Cette amie avait connu divers problèmes de santé, sans oublier beaucoup de désillusions et de chagrins depuis son enfance…
Elle était seule depuis la mort de son mari. Son absence lui avait enlevé toute envie de continuer le chemin. Elle et lui avaient formé un couple fusionnel pendant une quarantaine d’années et s’étaient beaucoup investis dans la défense de la cause animale,recueillant de vieux chiens qui n’avaient aucune chance d’être adoptés…
Depuis 4 ans, Nadine ne pensait qu’à une chose : ne plus vivre, ou plutôt ne plus survivre. Rien n’était possible en France, hormis le suicide qu’elle évoquait parfois, mais auquel elle ne s’était jamais résolue tant pour la solitude de l’acte que pour ne pas choquer les personnes qui trouveraient son corps…
Nous discutions souvent pour trouver la solution qui la libérerait…Cette solution, c’était la Suisse où je l’ai accompagnée récemment. Pendant sa dernière soirée, Nadine était rassurée, sa seule inquiétude était « que cela rate » …La volontaire de l’association et moi l’avons tranquillisée, cela ne pouvait rater et elle resterait maître du geste jusqu’à la dernière seconde.
Le lendemain matin, nous sommes arrivées à l’association vers 10h, Nadine a été accueillie chaleureusement et une fois les divers documents indispensables signés, c’est elle qui a décidé du moment.
Je lui tenais la main, en 30 secondes, mon amie était dans un coma profond et en quelques minutes, Nadine était enfin libre !
Ensuite, suivant la procédure suisse, il a fallu attendre que la police vienne faire les constatations d’usage et me pose quelques questions.
Combien de temps encore faudra-t ’il en France pour que nos compatriotes n’aient plus à s’expatrier pour bénéficier une mort douce sans avoir à arriver au bout de leurs souffrances ?
Nathalie
20.12.2022