Dans le cadre de sa préparation au concours de l’école de journalisme CFJ, une jeune journaliste reporter – ayant réalisé un documentaire radio sur les violences conjugales qui a été sélectionné par la BnF – a contacté Le Choix afin d’être mise en contact avec des personnes actives au sein de notre association, mais aussi pour recueillir la parole engagée de personnes qui ont choisi de partir en Belgique ou en Suisse.
En effet, cette jeune femme fait partie des Français qui pensent depuis longtemps qu’il est urgent d’avoir une loi légalisant l’aide médicale à mourir et respectant avant tout la liberté de choix des patients. Au-delà de ce reportage écrit, elle serait intéressée à poursuivre ce travail sous la forme d’un documentaire radio, un « médium » qu’elle affectionne car il remet la parole au centre et crée un lien immédiat entre l’auditeur et la personne qui témoigne.
Dans le cadre de ce reportage écrit, elle a échangé avec le Dr Labayle qui a expliqué son engagement en tant que médecin et le travail important réalisé au Choix. Elle a aussi interrogé Nathalie Andrews coprésidente de l’association et d’autres membres du Choix.
Elle a également recueilli le témoignage de Caroline Résibois, l’épouse de Loïc Résibois, qui lui a parlé du combat de son mari dont elle a repris le flambeau et du rôle des aidants auprès de leur proche.
Ci-dessous, Madame R. M… résume sa rencontre à Lille avec cette jeune journaliste :
« Le sujet qu’elle a choisi sur « l’aide active à mourir » a rapproché nos deux passions.
Notre échange fut dynamique et enrichissant par son expérience sur les soins palliatifs.
A l’âge de 5 ans, j’ai été confrontée pour moi-même et mes proches à la souffrance de la maladie évolutive.
Le dialogue entre le médecin et le malade m’a toujours interpellé par la difficulté à établir une relation de confiance.
Mon engagement de bénévolat depuis 2007 dans les associations sur « le droit de mourir dans la dignité »
Adhérente à l’ADMD France, à l’association Le Choix-Citoyens pour une mort choisie, mais aussi aux associations suisses : Ex International, Dignitas et Pegasos
En 2007, rencontre avec le Dr Jean Guilhot de l’ADMD dans le cadre d’une formation de « personne de confiance ». Où, j’ai rencontré Mme Claude Hury, à l’époque présidente d’Ultime Liberté, qui m’a proposé d’intégrer l’association pour la représenter en région Nord-Pas-de-Calais pendant près de dix ans.
C’est à ce titre que j’ai suivi la formation « End of Life » EOL en Belgique, sous l’égide de l’ADMD belge, tout comme j’ai participé au séminaire « Séjour-Santé- discussions» à Berne . Une occasion de réfléchir sur comment entrevoir concrètement sa propre mort.
Nous avons aussi parlé des différentes lois actuelles
– En France, loi Claeys-Leonetti (2016) qui autorise la sédation profonde et continue, elle sera accordée ou refusée au malade, après avoir consulté la collégialité puis la décision reviendra à l’équipe médicale.
– La loi belge qui dépénalise l’euthanasie depuis 2002, sous la protection juridique du médecin et de son patient. L’euthanasie est réalisée par le médecin qui respecte l’état du malade
Après le décès, le médecin envoie une déclaration à la Commission chargée de contrôler les conditions de chaque euthanasie pratiquée en Belgique.
– En Suisse le décret de 1942 qui autorise le suicide assisté, ou MVA (mort volontaire assistée).
La demande se fait par le biais d’une association qui organise les démarches administratives à prévoir :
– fiche d’état civil
– dossier médical (s’il est accepté……..), la capacité de discernement est indispensable.
– une consultation est prévue avec le médecin pour qui rédigera l’ordonnance de la substance létale.
– en cas de maladie neuro-dégénérative une consultation avec le psychiatre sera à prévoir
– le jour de la MVA, un volontaire posera le cathéter-intraveineux, c’est la personne en demande qui tournera la molette de la perfusion, ou qui boira le produit létal.
Seul un mobile égoïste est punissable par l’article 115 du code pénal, l’euthanasie est punissable en Suisse par l’article 111 du même code pénal.
Nous avons longuement échangé avec une prise de conscience sur la réalité des limites de chaque loi….
Ceci impose un modèle de directives anticipées différent pour chaque pays.
L’an dernier, Nathalie Andrews, Annie Wallet, le Dr Chantal Calmat et le Dr Denis Labayle ont rédigé un excellent « Guide 2 en 1 » pour réfléchir à sa fin de vie…….voire à rédiger ses directives anticipées librement éclairé en pleine possession de ses facultés intellectuelles, mais aussi permettant un dialogue clair avec les proches soudain confrontés à la demande à mourir d’un parent ou ami. »
Mme R. M…
Février 2025