Par Cynthia Robinson *
Je pense que si les gens sont autorisés à obtenir l’aide médicale à mourir, ils n’auront pas à choisir une fin agressive comme seule option. Et ne vous y trompez pas, mourir dans une douleur et une souffrance abjectes est une fin agressive. »
Il y a près de huit ans, j’ai célébré le service commémoratif d’un homme de 79 ans qui s’était suicidé..
Pendant 30 ans, il avait vécu avec différents cancers : vessie, peau, estomac et intestin. Il ne pouvait plus manger d’aliments solides, mais était nourri par un tube dans son estomac. Sa vie n’était plus la sienne, les cancers l’accablaient . Même s’il souffrait physiquement de ces cancers, sa dignité en souffrait autant, sinon plus.
Médicalement, rien n’était disponible pour prolonger sa vie ou en améliorer la qualité. Pour lui, il était clair que son voyage de fin de vie serait une torture, pleine de douleur et d’anxiété.
Lui et sa femme avaient discuté et pris toutes les décisions ensemble au cours de leur mariage, sauf la dernière. Il a mis fin à ses jours avec une seule balle. Par cette action, il ne cherchait qu’à mettre fin à sa propre souffrance, pas à causer du chagrin., 18 mois plus tard, j’ai officié à son service commémoratif.
Le projet de loi « Delaware End of Life Options Act » (House Bill 140) offrirait aux adultes en phase terminale l’option de l’aide médicale à mourir, ce qui, entre autres, aiderait les patients et à leur famille éviterait ce traumatisme inutile.
Un sondage NüPOINT de mai/juin 2022 a montré que près de 3 médecins du Delaware sur 4 (74 %) soutenaient le projet de législation sur l’aide médicale à mourir dans cet état. Un sondage de 2020 a révélé que 72 % des électeurs du Delaware appuient l’aide médicale à mourir, y compris un appui sur les plans géographique, politique et racial. Bien que le sondage n’inclue pas de ventilation parmi les personnes handicapées, un sondage de Purple Insights dans le New Jersey voisin a montré que 62 % des électeurs handicapés appuient l’aide médicale à mourir, soit exactement le même niveau de soutien pour tous les électeurs de l’État.
Les personnes handicapées que je connais appuient aussi fermement les lois sur l’aide médicale à mourir que les personnes non handicapées parce qu’il n’y a aucun cas documenté de coercition impliquant cette option de mort douce. En fait, une étude du Journal of Medical Ethics sur la plus ancienne loi sur l’aide médicale à mourir en Oregon conclut : « Les taux d’aide médicale à mourir en Oregon […] ne montrent aucune preuve d’un risque accru pour les personnes âgées, les femmes, les personnes non assurées […] les personnes ayant un faible niveau d’éducation, les pauvres, les handicapés physiques ou les malades chroniques, les mineurs, les personnes atteintes de maladies psychiatriques, y compris la dépression. ou des minorités raciales ou ethniques, par rapport aux populations d’origine.
L’année dernière, un membre de ma congrégation a été diagnostiqué à un stade précoce de la maladie de Lou Gehrig (sclérose latérale amyotrophique). Il a une épouse aimante, des enfants et des petits-enfants. Il est un membre fidèle de l’Église. Il n’est pas trop tard pour que nos législateurs l’aident en adoptant la Loi sur les options de fin de vie.
Je crois que si les gens sont autorisés à obtenir l’aide médicale à mourir, ils n’auront pas comme seule option une fin de vie difficile et agressive. Et ne vous y trompez pas, mourir dans une douleur et une souffrance abjectes est bien une fin agressive.
Plutôt que d’être privé d’une fin paisible, cette loi impliquerait une conversation familiale, avec leur médecin et moi, leur pasteur. Plutôt que de recourir à une fin violente, les gens auraient l’option d’une fin sereine et sans douleur. Plutôt que de causer un traumatisme à leur famille et à leurs proches, leur mort pourrait être un souvenir réconfortant et précieux d’intimité et d’authenticité.
Ce projet de loi ne ferait pas mourir plus de gens, mais réduirait le nombre de personnes qui souffrent. J’exhorte nos législateurs à appuyer le projet de Loi sur les options de fin de vie et à travailler à son adoption, afin que les Delawariens qui ont atteint la fin de leurs jours puissent avoir la possibilité d’y parvenir avec dignité et d’être entourés d’amour.
Vicki George, une résidente de Wilmington atteinte de sclérose en plaques progressive, l’a peut-être mieux exprimé lors de son témoignage fait pour le projet de loi HB 140 : « L’opposition ne devrait pas déterminer mon droit à l’aide médicale à mourir, et elle ne parle pas en mon nom et au nom des nombreuses personnes que je connais dans la collectivité, avec ou sans handicap, qui appuient ce projet de loi. Je respecte certainement ceux qui s’y opposent pour qu’ils prennent leur propre décision, mais pour ceux qui souffrent, cela peut apporter paix et réconfort et une fin beaucoup moins douloureuse. »
Source :
« Bay to Bay News » – 21.06.22
*La révérende Cynthia E. Robinson est la pasteur de l’Église unie du Christ de New Ark à Newark.