Dans un avis très attendu, rendu le mardi 13 septembre 2022, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a ouvert la voie à une aide active à mourir. Et ce, à certaines conditions strictes. Il s’agit d’aider à mourir des personnes non pas en fin de vie, mais “atteintes de maladies graves et incurables provoquant des souffrances (…) réfractaires dont le pronostic vital est engagé à moyen terme”. Mais avant de donner droit à une telle possibilité, Emmanuel Macron a annoncé le lancement en octobre d’une convention citoyenne sur ce sujet. Toutefois, pour les associations pour le droit de mourir dans la dignité, la liberté du choix en fin de vie est primordiale.
Pour Jocelyne Lauret, déléguée régionale de l’association pour le Droit de mourir dans la dignité (ADMD), “cet avis n’est que consultatif mais le point positif c’est qu’il permet de rouvrir le débat”.
Cependant, ce qu’elle note, c’est que “cet avis sur le fond est très limité car il permet seulement aux patients dont le pronostic vital est engagé de bénéficier d’une aide active à mourir”. Et ce, en respectant plusieurs conditions strictes comme le fait que médecin reconnaisse qu’il n’y a plus rien à faire et qu’ils ne leur restent que six mois à vivre. Pour elle, “il faut arriver à encadrer la fin de vie tout en ayant la liberté de choix de la personne”.
Jocelyne Lauret souligne également qu’il est très important de revoir ce principe. Pour les familles, “accompagner un proche en fin de vie et le voir mourir à petit feu est difficilement soutenable”. Et pourtant, c’est le cas avec la loi actuelle qui donne droit à une sédation profonde et plonge la personne dans un coma profond, “en attendant que vous mourrez”.
Pour l’association “Le Choix -Citoyens pour une mort choisie”, cet avis du Comité consultatif “ouvre une voie très restrictive”. “Qui, atteint de Parkinson ou de SLA (Sclérose latérale amyotrophique), souhaitera subir les douleurs et la dégradation pendant des années avant d’arriver à l’échéance ?”, clame l’association. Nathalie Andrews, la co-présidente du Choix, ajoute, “qui, diagnostiqué à un stade précoce d’Alzheimer voudra se voir refuser une aide puisque le moment venu la personne ne sera plus en état de réitérer sa demande ?” “Pas moi dans tous les cas”, précise-t-elle.
– “Il faut la liberté de choix” –
Ce que demandent les associations, c’est le respect de la dignité humaine. Une demande qu’ils crient haut et fort depuis des années.
“Pour nous, il faut voir la question de la fin de vie dans son ensemble », explique Jocelyne Lauret, déléguée régionale de l’association pour le Droit de mourir dans la dignité (ADMD). « Il faut laisser le choix à tout un chacun, c’est à la personne de décider et non au médecin », ajoute-t-elle. Le choix pour elle est large, « soit la personne veut l’euthanasie, soit l’aide active, soit les soins palliatifs”.
Pour Nathalie Andrews de l’association “Le Choix -Citoyens pour une mort choisie”, “nous voulons une loi d’humanité qui permette aux personnes qui en feront la demande de bénéficier d’une aide médicale à mourir sans attendre d’être à un stade avancé ou terminal de leur pathologie ». Elle souligne, « nous aidons régulièrement des compatriotes à monter un dossier pour la Belgique et la Suisse”. Elle reconnait cependant que “c’est anti-démocratique, mais c’est mieux que rien”. Nathalie conclut en disant, “pourquoi seules les personnes bien informées ou ayant les moyens d’aller à l’étranger pourraient mourir sereinement ?”
Jocelyne Lauret conclut en disant “qu’il faut donner la liberté de choix”. Un choix libre, que les Français approuvent à près de 93 % selon un sondage Ifop publié en février 2022.
– Une consultation lancée par le gouvernement –
Après l’avis du Comité d’éthique, et en amont d’un projet de loi, le gouvernement va lancer en octobre prochain une vaste convention citoyenne sur le sujet de la fin de vie. “L’ensemble de ces travaux permettra d’envisager le cas échéant les précisions et évolutions de notre cadre légal d’ici à la fin de l’année 2023”, a précisé l’Élysée dans un communiqué.
La demande d’aide active à mourir devrait être exprimée par une personne disposant d’une autonomie de décision au moment de la demande, de façon libre, éclairée et réitérée. La décision de donner suite devrait alors faire l’objet d’une trace écrite argumentée et serait prise par le médecin en charge du patient à l’issue d’une procédure collégiale rassemblant d’autres professionnels de santé.
La possibilité d’un accès légal au suicide assisté “devrait être ouverte aux personnes majeures atteintes de maladies graves et incurables, provoquant des souffrances physiques ou psychiques réfractaires, dont le pronostic vital est engagé à moyen terme”, estime le comité.
Le débat est donc loin d’être clos sur cette question si vaste et pourtant très important, de la fin de vie.
Source :
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com – 15.09.22