Ce 31 décembre, j’étais auprès de Geneviève (*). Cette amie avait eu 80 ans quelques jours avant et pendant près de 20 ans, s’était battue comme un bon petit soldat…un cancer en chassant un autre. Des traitements lourds acceptés, certains expérimentaux, entraînant souvent des effets secondaires pénibles.
Cet été, l’oncologue lui avait bien expliqué qu’il n’y avait plus rien à envisager. Il y a un mois, Geneviève avait demandé à bénéficier de soins palliatifs à domicile, tout en ayant prévu, avec son médecin, une euthanasie en milieu hospitalier dès qu’elle n’aurait plus la force de rester chez elle.
Pendant une semaine, elle a été merveilleusement entourée dans ce service. Dès son arrivée, la dose d’anti douleurs a été doublée. Elle était incapable de se redresser seule dans son lit et, après quelques jours, une aide respiratoire était devenue nécessaire.
Une heure avant le moment prévu pour son euthanasie, l’infirmier a installé une perfusion de sérum physiologique sur son PAC (cathéter de voie centrale), vestige des anciennes chimios, pour s’assurer que tout se passerait bien le moment venu. Un peu après 10h, Les deux médecins sont arrivés, son oncologue et le chef du service. Ce dernier, lui a demandé – comme c’est l’usage – si elle n’avait pas changé d’avis. Geneviève, avec un petit sourire, a répondu qu’elle était prête. Le médecin a ajouté à la perfusion une poche contenant le produit létal tout en disant à Geneviève, qu’il tournerait la molette lorsqu’elle le voudrait et qu’elle s’endormirait très vite. A 10h20, elle a fait signe que c’était le moment… Après deux minutes, le médecin a constaté qu’il n’y avait plus de pouls, après quatre minutes, les battements du cœur étaient très faibles… et se sont arrêtés.
Quand je vois la sérénité présente à chacun de ces décès par euthanasie en Belgique, je ne peux m’empêcher de les comparer aux morts de proches en France qui n’ont pas eu le choix et ont soufferts.
A chaque fois, je comprends mieux la valeur de cette loi et respecte l’engagement sans faille des médecins qui répondent à ces demandes.
Nathalie Andrews
4.1.2020
(*) prénom d’emprunt