Fins de vie inhumaines, levons l’hypocrisie : la loi Claeys-Leonetti ne nous protège pas.
Certains relatent les derniers jours épouvantables de leur proche, mais leurs témoignages restent isolés. Ne le restez plus. Ensemble, témoignons et rompons le silence.
Moi, Elisabeth, j’ai vu mon bien-aimé se réveiller en étouffant, d’une sédation qui n’en n’était pas une. Je ne peux oublier sa suffocation, l’air qu’il cherchait dans son ventre, ses côtes, son regard implorant, l’abandon dans lequel le réseau de soins palliatifs nous a laissés seuls à domicile en ce mois d’août. Refusant de croire ce que je leur décrivais au téléphone, ils me rétorqueront « Soulager plus, ce ne serait pas éthique ! ».
Aucun soignant de ce réseau de soins palliatifs ne se déplacera. Ils ne mobiliseront personne pour nous aider. Ils me diront plus tard avoir cru que j’exagérais intentionnellement la description de la détresse respiratoire. La veille ils étaient revenus unilatéralement sur la décision d’une sédation profonde pourtant déjà actée collégialement deux mois auparavant. De notre ultime Au Revoir que nous rêvions à l’aune de notre amour, ils ont fait un champ de massacre.
Des femmes et des hommes ont eu le courage de témoigner : lettres sans réponse au président de la république, au ministre de la santé, au directeur d’un hôpital… Certains ont même vu leur article publié ou leur témoignage entendu sur un plateau de télévision. Eux, moi et combien d’autres gardent en tête et au cœur la souffrance de leur proche, leur sentiment d’impuissance. Impuissants face à l’hypocrisie de la loi Claeys-Leonetti derrière laquelle se sont drapées des équipes soignantes dont ils ont été alors les otages. Bien sûr ces fins de vie cauchemardesques ne sont pas, heureusement, les plus nombreuses. Il y a de vrais soignants, humains, capables d’entendre et soulager les souffrances de fin de vie. Mais…
Mais vous et moi, ne pouvons effacer ces images épouvantables : gémissements, sondes arrachées, regards suppliants, escarres qui font crier à la moindre mobilisation, refus d’entendre les signes de détresse respiratoire, refus d’endormir l’être aimé « pas encore assez proche de son ultime agonie » …
Dans ces fins de vie, une lecture tatillonne de la loi et de ses conditions d’application, la peur d’une dénonciation pour délit d’euthanasie et parfois des convictions personnelles non énoncées en clair, ont assigné mourants et familles à des souffrances inhumaines et des agonies interminables…Vous et moi, nous nous sommes promis de témoigner. Plus jamais ça pour d’autres !
On ne peut rendre le corps médical coupable de tout, mais cette loi est une montagne d’hypocrisie. Au nom du refus d’euthanasie, elle amène certains soignants à refuser de soulager vraiment, humainement des fins de vie qui ne sont plus alors que cauchemars et tortures. La loi Claeys-Leonetti abrite : dilution des responsabilités, procédures impossibles, aveuglements idéologiques, peur d’une dénonciation….
Cette loi ne nous protège pas : faute de directives anticipées toujours non opposables aux médecins, malgré concertations collégiales, fin de vie avérée, personnes de confiance…soins palliatifs ou pas. Et même souvent pire avec les soins palliatifs !
Elisabeth Condamines
Le récit d’Elisabeth est la tragique illustration de nombreux drames que notre association veut rendre visibles, publiquement, collectivement, pour alerter l’opinion publique et les parlementaires de la nécessité de changer la loi.
Rejoignez les Victimes de la Loi Claeys-Leonetti
Transmettez vos témoignages : victimesloicl.lechoix@gmail.com * ou par téléphone : 06 01 84 88 40
Vous trouverez ici les différents témoignages recueillis par l’association auprès de son réseau d’adhérents et d’amis…
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