Ce vendredi, après trois décennies de tentatives pour l’imposer, la loi sur l’euthanasie entre en vigueur dans la péninsule ibérique. L’Espagne devient le cinquième pays du monde à l’appliquer comme un droit. Le parti d’extrême droite Vox a déposé un recours auprès du tribunal constitutionnel, mais les experts n’y voient pas une menace à son implantation. Mais d’autres obstacles se dressent.
Ceux qui luttent depuis longtemps pour le droit à la mort digne en Espagne sont satisfaits. Enfin une législation permet à ceux qui désirent de mettre fin à leurs jours tout en étant atteints d’une maladie grave et incurable ou bien causant des souffrances chroniques et handicapantes, de pouvoir le faire. Et tous d’invoquer leur référence Ramon Sampedro, un tétraplégique qui en 1993 avait exigé ce droit à un tribunal, en vain.
Pour autant, l’application de cette loi est confrontée à deux grandes difficultés concrètes. La première est celle de l’objection de conscience. La loi permet à tous les médecins de manifester leur opposition à pratiquer l’euthanasie, mais cette même loi ne dit pas ce qui se passe si un refus se produit. Et, dans ce pays très marqué par le catholicisme, nombreux sont les médecins qui ont annoncé leur désaccord.
L’autre grande difficulté concerne les commissions régionales devant valider le droit à mourir. Or sur les dix-sept régions espagnoles, seules six ont mis sur pied cette commission, indispensable pour que les demandes d’euthanasie soient acceptées. Et parmi elles, certaines régions sont gouvernées par des partis conservateurs radicalement opposés à la nouvelle législation.
Source :
« RFI Monde » par François Musseau à Madrid – 25.06.21