Un rapport d’étape du cabinet missionné par le groupe Orpea donne raison sur plusieurs points aux accusations de l’ouvrage « Les Fossoyeurs », à l’origine du scandale.
Rabais, ristournes, non-conformité dans la contractualisation de CDD… Les deux cabinets d’audit relèvent des dysfonctionnements dans la gestion du groupe d’Ehpad privés Orpea.
Le groupe d’Ehpad privés Orpea, dans la tourmente depuis la sortie du livre-enquête « Les Fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet, a rendu public mardi les premières conclusions d’un audit externe confirmant des dysfonctionnements, notamment dans son usage des fonds publics.
Les investigations, qui portent sur la période 2019 à 2021, « conduisent à identifier l’existence de rabais, remises et ristournes consenties, y compris par des fournisseurs de produits financés sur fonds publics », indiquent les cabinets d’audit mandatés, dans un point d’étape. Ils ont aussi repéré « des déclarations erronées des comptes d’emploi aux autorités de tutelle » et « le recours à des intermédiaires, y compris à un ancien préfet ».
Orpea, présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France, avait mandaté en février les cabinets indépendants Grant Thornton et Alvarez & Marsal pour évaluer les accusations du livre « Les Fossoyeurs » paru en janvier 2022.
Ce livre dénonçait une maltraitance des résidents, un usage abusif des fonds publics, des manquements en matière sociale et des conflits d’intérêt.Les conclusions définitives connues d’ici fin juin
A ce stade de leurs investigations, les deux cabinets d’audit estiment cependant ne pas pouvoir « confirmer l’existence d’un système conduisant à des situations régulières de pénuries sur la fourniture de protections ou d’un système de rationnement sur la restauration ». Ni l’existence « d’un système visant à organiser de manière délibérée une situation de sous-effectif afin d’optimiser les profits du groupe ». Leur travail continue et les conclusions définitives seront publiées d’ici fin juin.
Sans attendre, le conseil d’administration d’Orpea a demandé à la direction générale de lui proposer, dans « les meilleurs délais », « un plan ambitieux d’amélioration et de transformation ». Un rapport commandé par le gouvernement aux inspections générales des finances (IGF) et des Affaires sociales (Igas), publié début avril, avait déjà pointé de graves dysfonctionnements et le gouvernement annoncé qu’il saisirait la justice.
Orpea a également annoncé mardi dans un communiqué le report au 13 mai de la publication de ses résultats annuels 2021 et de son chiffre d’affaires du premier trimestre 2022. A la suite de ces annonces, le groupe a été chahuté à la Bourse de Paris, reculant de 8,27% à 31,60 euros. Il a perdu 64% de sa valeur depuis le début de l’année.
Source :
« France3 Ile de France » – Emmanuèle Bailly avec AFP – 27.04.22