Trop de débats délicats demeurent à trancher dans ce projet de loi déposé en toute fin de session. Le ministre de la Santé a demandé jeudi 9 d’ajourner les travaux, après avoir consulté l’opposition. « C’est trop important comme sujet pour les Québécois pour ne pas prendre tout le temps nécessaire, étant donné la complexité du sujet » , a expliqué Christian Dubé lors d’un point de presse en compagnie des partis d’opposition.
Au cours des deux dernières semaines, les élus avaient entamé l’étude du projet de loi 38, qui doit permettre aux personnes avec un diagnostic de maladie dégénérative (comme l’Alzheimer) de remplir un formulaire pour recevoir l’aide médicale à mourir (AMM) une fois devenues inaptes.
- Dubé souhaite poursuivre les travaux l’automne prochain, après la formation du prochain gouvernement.
« La seule façon qu’on aurait pu y arriver, c’est en tournant les coins ronds. Et c’était hors de question », a expliqué le député solidaire Vincent Marissal, au sujet du court délai imparti pour étudier les 49 articles du projet de loi.
À ses côtés, la députée péquiste Véronique Hivon a donné un aperçu de la complexité des enjeux. Par exemple, comment évaluer la souffrance d’une personne devenue incapable de communiquer ? « Cette personne-là n’est plus là pour vous l’expliquer », illustre-t-elle.
Même défi pour la désignation d’un tiers responsable de choisir le moment où sera administrée l’AMM. « Quel rôle, précisément, on lui donne ? Est-ce qu’il est le seul qui pourra dire : “je pense que ma mère est vraiment en souffrance, c’est ça qu’elle n’aurait pas voulu vivre, je veux qu’on enclenche le processus” ? »
Et finalement, comment interpréter les signes de refus d’une personne devenue inapte, alors que certains de ces comportements peuvent être liés à la maladie ?
Un « avant-projet de loi »
L’ensemble des députés impliqués se sont dits confiants de poursuivre les travaux l’automne prochain.
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Toutefois, Mme Hivon prévient qu’il ne sera pas possible de simplement reprendre le projet de loi laissé en plan. « Moi, je le prendrais un peu comme un avant-projet de loi, qu’on vient de travailler. On a clarifié les orientations », dit celle qu’on surnomme la marraine de l’aide médicale à mourir.
Chose certaine, le ministre Dubé n’entend pas présenter à nouveau les dispositions qui auraient étendu l’AMM aux personnes handicapées. « C’est déjà assez compliqué comme ça », a-t-il déclaré jeudi.
Source :
« Le Journal de Montréal » -Patrick Bellerose – 09.06.22