« Paul et Maïté habitaient en Belgique, où l’euthanasie a été dépénalisée en 2002. Ils se sont aimés 60 ans, raconte Le Parisien. Ils ont appris dans le même intervalle de temps qu’ils allaient mourir, elle d’un cancer du rein, lui d’un cancer du sang. Et ils ont pris cette décision d’organiser leur départ commun. » Ce n’était pas un projet ancien pour eux, de mourir ensemble, explique leur fille, Elise. Disons que la situation s’est présentée comme ça. Ce n’était pas un choix facile. C’est une décision qu’on prend en dernier recours « .
Il y a eu la première injection de sédatif pour endormir le couple main dans la main, poursuit Le Parisien. La mère a jeté un dernier regard à sa fille avant de fermer les yeux. Il y a eu la seconde injection. Paul est parti très vite. Maïté a résisté quelques secondes. Ils avaient le visage serein, apaisé, entourés de leur fille, leur gendre, l’équipe médicale. « C’était de l’amour qui était là, ce jour-là. Ils se sont fait un cadeau mutuel », assure Élise qui estime que les conditions de leur mort lui ont permis de mieux surmonter son deuil. »
En 2023 ?
Va-t-on connaître bientôt en France des scénarios similaires ? Sans doute… « Macron ouvre la voie à une loi sur l’euthanasie », titre Le Figaro. « Le président de la République va lancer une consultation citoyenne sur la fin de vie dont les conclusions seront rendues au printemps 2023. Et en amont, le gouvernement engagera parallèlement un travail concerté et transpartisan avec les députés et sénateurs. »
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Commentaire du Figaro : « Il faut espérer que ce débat ne soit pas l’otage d’un discours tronqué : les mots ont été trop souvent capturés et détournés par les défenseurs du « droit » à mourir « quand je veux », « comme je veux » – voire « si je veux », selon les transhumanistes -, dont la seule espérance est de gouverner les corps depuis le premier jour jusqu’à la dernière heure. Ceux-là brandissent le mot « dignité ». Il ne faudrait pas oublier celui d’ »humanité », pointe Le Figaro, et ne pas nier à l’homme ce qui fait sa grandeur, cette intériorité dans laquelle grandit la fine pointe de l’âme, qui le distingue d’un simple amas de cellules. »
Notre regard sur la vulnérabilité
« L’issue a beau sembler certaine, les opposants auraient tort de ne pas y participer, relève La Croix. Il est encore temps de dire posément les raisons qui les animent. (…) C’est le moment, par exemple, de rappeler le sens d’un interdit qui – n’en déplaise aux simplificateurs – n’est pas seulement fonction de convictions religieuses, mais bien d’options politiques et philosophiques. Ce dont il est question, en dernier ressort, c’est notre regard sur la vulnérabilité, affirme La Croix. Le risque que l’on entrevoit, du haut de cette pente sur laquelle la société française est sur le point de s’engager, c’est que le droit à mourir ne se transforme un jour pour les plus fragiles en injonction à renoncer à la vie, par crainte de peser sur leurs proches ou sur la collectivité. »
Face à notre intimité la plus fragile
« Bien sûr, le sujet est vertigineux, reconnaît Libération. Il est tout à la fois philosophique et intime. Collectif et individuel. Il ne peut se régler d’un simple « oui » ou d’un simple « non ». Organiser une convention citoyenne sur la fin de vie est donc une bonne idée. A une condition : qu’elle ne soit pas un énième machin conçu pour repousser la moindre évolution ad vitam æternam. La fin de vie est un sujet trop important pour être utilisé à des fins politiciennes. »
La Charente Libre s’interroge : « arrivera-t-on à discuter de la mort loin de la médiocrité et du manichéisme des débats sur la vie de tous les jours ? Il n’est pas interdit d’y croire, répond le journal, d’autant plus qu’une majorité extrêmement large des Français semble prête à faire évoluer la loi actuelle vers la possibilité d’une aide active à mourir. Euthanasie, suicide assisté ou sédation profonde et continue jusqu’au décès, comme la loi Claeys-Léonetti le permet depuis 2016 sous de très strictes conditions : le sujet si délicat interdit les positions tranchées comme l’absence de concertation réelle. Il nous met tous face à notre intimité la plus fragile, conclut La Charente Libre, et cette question vertigineuse de notre attitude face à la mort. La nôtre comme celle de nos proches. »
Source :
« RFI » – Frédéric Couteau – 14.09.22