Rendre accessible en ville le Midazolam – benzodiazépine utilisée en première intention pour les sédations – était une promesse d’Agnès Buzyn dès 2020, reprise par Olivier Véran lors de l’annonce du 5e plan Soins palliatifs en septembre dernier. Un arrêté publié au « Journal officiel » du 17 décembre 2021 acte ce changement. Désormais, le Midazolam injectable peut être dispensé en officine – et non seulement dans les pharmacies des hôpitaux – et remboursé, dans le cadre d’une sédation proportionnée ou d’une sédation profonde et continue.
Jusqu’à présent, le Midazolam était une spécialité essentiellement utilisée à l’hôpital, et très exceptionnellement en ville car sous le régime de la rétrocession. Une pharmacie à usage intérieur d’un hôpital, pouvait en effet le dispenser à titre dérogatoire à un patient pris en charge en ambulatoire.
L’enjeu de la formation, des recommandations déjà disponibles
Alors que l’affaire du Dr Méheut-Ferron – mis en examen pour avoir administré du Midazolam à des patients en ville – avait mis en lumière les difficultés à accompagner les fins de vie à domicile, la Haute Autorité de santé (HAS) avait appelé dès le 10 février 2020 les pouvoirs publics à faciliter la prescription du Midazolam en ville. Mais la pandémie avait freiné le chantier.
En annonçant l’ouverture du Midazolam à la ville en septembre dernier, Olivier Véran jugeait « nécessaire l’accompagnement des professionnels de premiers recours, et notamment des médecins traitants et des infirmiers, qui ne doivent pas rester sans appui quand ils accompagnent leurs patients ».
Ces professionnels ont d’ores et déjà à leur disposition, les recommandations de février 2020 de la HAS, pour la sédation proportionnée et la sédation profonde et maintenue jusqu’au décès (SPCMD). Pour cette dernière, bordée par la loi Leonetti-Claeys de 2016, l’agence précisait un cadre spécifique à sa mise en œuvre à domicile (réaffirmé dans un récent avis de novembre 2021) : la SPCMD doit être précédée d’une procédure collégiale, un médecin doit être présent lors de la titration et joignable à toute heure, le personnel doit être formé, une équipe ou un réseau de soins palliatifs doivent être associés, ne serait-ce que par téléphone, et un lit de repli doit être disponible.
Par ailleurs, la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a mis en ligne un vade-mecum sur l’utilisation du Midazolam à visée sédative.
Source :
« Le Quotidien du Médecin » – Coline Carré – 04.01.22
Chaque jour je disais au chef de service de l’hôpital d’Autun : Faites que cela aille vite et il ne disait rien. Un jour il se trouvait avec notre médecin, qui me répond : On ne peut pas faire comme à un chien. Je dis : en 1942 j’ais dix ans on m’a fait conduire un chien à Meaux. J’en ai conduit 3 autres. Jamais aucun n’a souffert. La vétérinaire avait dit : Lorsque votre chatte se mettra en boule, elle souffrira d’un blocage rénal. Ne la laissez pas souffrir. Et ronronnant sur mon bras à mes caresses, sa tête s’abaissa lentement sur mon épaule. C’était fini en douceur.
Mon épouse a cessé de manger en fin de 3e semaine, de boire en fin de 4e, de parler la 5e. En début de 7e une sorte de grosse seringue horizontale sur un support se trouvait à côté d’elle. C’est pourquoi ? C’est pour qu’elle passe des nuits tranquilles. Il était noté Midazolam 2ml/h, au 3e jour il était noté 4ml/h, puis 6, puis 8 et en fin 17.
Après 66 ans de bonheur mon épouse qui a vécu une vie médicalement toujours très difficile, n’a pas souffert. Merci Docteur Chef de Service de l’hôpital d’Autun. 29/8/17. Mon portefeuille affiche :
JE REFUSE REANIMATION OU SOINS JE VEUX LA SEDATION FORTE DU MIDAZOLAM DE LA LOI LEONETTI QUI A ETE APPLIQUE A MA FEMME EN AOUT 2017.
Que l’on prenne ce qui peut être utile de mon corp, que le reste soit brulé et dispersé. Merci à la médecine.
Nous vous remercions pour votre témoignage. Malheureusement, peu de malades bénéficient de la loi Claeys-Leonetti et beaucoup d’autres souhaitent partir sans attendre la dernière extrémité.