Dans un peu moins d’un an, les personnes atteintes de maladies mentales pourront demander l’aide médicale à mourir (AMM), mais il faudra donner des indications claires aux praticiens en raison de l’absence d’interprétation juridique définitive sur le sujet, estime un groupe d’experts.
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Ce groupe, qui a été mandaté par le gouvernement Trudeau, s’est penché sur la question et a publié son rapport vendredi. Cependant, ces experts estiment que leurs recommandations peuvent être également appliquées pour tout autre trouble de santé qu’un demandeur pourrait éprouver.
«En tant que ministre de la Santé mentale, je sais qu’il m’incombe de veiller à ce que le gouvernement aille de l’avant avec l’AMM pour les personnes atteintes d’un trouble mental d’une manière qui est conforme aux objectifs d’autonomie, d’équité et de respect», a ainsi déclaré la ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Carolyn Bennett.
Selon le groupe, l’ajout de normes de pratique est primordial afin d’aider les médecins et infirmières cliniciennes à mieux s’orienter lorsqu’il est question d’AMM, que ce soit au niveau des définitions de l’incurabilité et de l’irréversibilité ou bien au niveau de la compréhension de la souffrance du patient.
De plus, le processus d’évaluation devra être révisé afin d’analyser la situation sous toutes ses formes. Est-ce qu’il existe d’autres moyens pour soulager la souffrance du demandeur? Est-ce que ce dernier a sérieusement envisagé ces traitements? Est-ce qu’il y a une cohérence dans la demande?
Le Groupe rappelle également qu’une distinction doit être faite entre une demande d’AMM et le suicide, rappelant au passage les commentaires de la juge Baudoin dans l’affaire Truchon en 2019.
«Les médecins impliqués peuvent distinguer un patient suicidaire d’un patient qui recherche l’aide médicale à mourir. De plus, il existe d’importantes différences entre le suicide et l’aide médicale à mourir tant dans les caractéristiques des personnes impliquées que dans les raisons qui les motivent», avait-elle dit à l’époque.
Finalement, une collecte de données devra être faite afin de surveiller la situation et d’ajuster la loi en fonction de l’évolution de la médecine.
«De nombreux acteurs de la société canadienne devront encore travailler pour s’assurer que l’AMM pour les personnes atteintes de troubles mentaux, et bien entendu la pratique de l’AMM en général, évolue de manière à répondre de façon appropriée aux besoins des Canadiens qui souhaitent se prévaloir de cette option», ont finalement conclu les experts, en précisant que le rapport n’est que le début du processus.
Pour sa part, le ministre de la Justice, David Lametti, a tenu à souligner le travail effectué par le Groupe d’experts.
«Le fait d’étudier les questions relatives à l’AMM et aux troubles mentaux et de faire des recommandations sur la façon dont nous pouvons offrir cette aide en toute sécurité aux personnes qui le souhaitent n’est pas tâche facile», a-t-il souligné.
Source :
« Le Journal de Montréal« – Jessica Potsou – 14.05.22