Analyse
Alors que le tirage au sort du panel de citoyens chargés de réfléchir à une éventuelle évolution de la loi sur la fin de vie doit encore être effectué, le gouvernement prévoit d’associer les soignants aux débats. La ministre déléguée aux professions de santé Agnès Firmin Le Bodo organise jeudi 15 septembre un dîner avec leurs représentants.
. L’engagement des soignants dans le débat passera par la formation d’un groupe de travail placé sous son égide. VINCENT ISORE/IP3 PRESS/MAXPPP
Un dîner de travail réunissant la ministre déléguée aux professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, et des représentants de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, la Sfap organisé jeudi 15 septembre. « Un dîner de déminage », s’amusait, jeudi matin, un convive, pas dupe du but de l’invitation : agiter un drapeau blanc devant le monde du soin, ébranlé par une possible évolution de la loi sur la fin de vie.
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Dans le débat qui s’annonce, la parole des soignants « doit être entendue ». C’est, en substance, la demande, presque la supplique, envoyée par les professionnels de santé, principalement de soins palliatifs, depuis l’annonce du lancement de la convention citoyenne sur la fin de vie.
« Si nous devons être impliqués dans les éventuels changements à venir, nous avons des choses à dire », explique sobrement Claire Fourcade, présidente de la Sfap, qui doit être présente autour de la table jeudi soir. Message reçu. Ce dîner ne sera pas le dernier d’une liste de rencontres entre le gouvernement et les soignants.
Les professionnels de santé, partie prenante du débat
Concrètement, l’implication de ces derniers devrait passer par la formation d’un sous-groupe de travail spécifique, au sein d’un groupe plus large placé sous l’égide de la ministre Agnès Firmin Le Bodo, elle-même pharmacienne et chargée de la concertation avec « les parties prenantes ».
Ce groupe réunira à la fois des personnels de santé (en soins palliatifs mais aussi réanimation, médecine d’urgence, etc.), tous corps de métiers confondus (médecins, infirmiers, aides-soignants, psychologues…), ainsi que des associations d’usagers et de patients (France Assos Santé, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, entre autres, la liste étant en cours de constitution) et des députés.
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Le groupe (et ses sous-groupes) mènera ses travaux en parallèle de ceux de la convention citoyenne, dont les membres seront désignés via tirage au sort par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), début octobre.
Des points à préciser
Côté soignants, sur quoi les travaux porteront-ils précisément ? Si le ministère espère lancer ce chantier « démocratique et participatif » avant le 15 octobre, les points à examiner restent à définir.
« Si l’on me posait la question, je répondrais que la difficulté d’accès aux soins palliatifs est le sujet majeur. Cela fait des années qu’on le constate, que l’on demande une meilleure diffusion des pratiques. Pourquoi si peu de progrès ? », presse Jean D., médecin de soins palliatifs très mobilisé sur les réseaux sociaux ces derniers jours.
« Les soins palliatifs étant trop mal connus, ce sera l’occasion de témoigner auprès des politiques et de battre en brèche certaines contre-vérités », poursuit-il, alors que les demandes de mort trouvent parfois leurs origines dans un mauvais accompagnement et une mauvaise application de la loi actuelle, dite « Claeys-Leonetti ».
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Les citoyens d’un côté. Les soignants, patients, parlementaires de l’autre… Ces instances parallèles auront-elles vocation à se rencontrer et à enrichir mutuellement leurs réflexions ? Impossible à dire pour le moment. Mais il s’agira, au moins, d’alimenter celle du gouvernement. « Une vision plutôt constructive », se réjouit Claire Fourcade, ajoutant : «Je suis d’un caractère optimiste. »
Source :
« La Croix » – Alice Le Dréau – 15.09.22