Edito
N’en déplaise à l’arrogance française, volontiers donneuse de leçon au reste du monde : on s’occupe de plus en plus mal des vieux et l’on meurt mal en France. Et c’est bien ce qui relance le débat sur l’aide active à mourir, qui s’ouvre dès jeudi par la réception au Ministère de la santé d’une cohorte de soignants. D’ailleurs, tous assez divisés sur le sujet. Pour tout dire la fin de vie s’annonce comme une des réformes majeures du second mandat d’Emmanuel Macron. Réussir est une obligation alors que s’affrontent deux points de vue assez manichéens.
Il y a bien sûr tous ceux qui pensent que l’euthanasie est un permis de tuer, sans port d’armes légal. Et puis, il y a les autres, qui ont compris que faute d’avoir de quoi financer un suicide assisté en Belgique ou en Suisse, ils devront se contenter d’une aide à la sédation profonde. Dans le meilleur des cas, elle sera administrée par une équipe raisonnable dans un hôpital qui ne serait pas à l’agonie et ne manquerait ni de moyens, ni d’humanité. C’est tout dire…
Comme Annie Vivien, vice-présidente de l’ADMD, de plus en plus de français estiment qu’il est temps de légiférer et de cadrer le suicide assisté. Ils estiment aussi que la loi Claeys-Leonetti , avec son droit de mourir dans une sédation profonde et continue jusqu’au décès, est appliquée souvent au petit bonheur et reste imparfaite parce qu’elle ne permet pas de traiter tous les cas. Alors que le président de la Conférences des évêques de France est vent debout contre le suicide assisté, parlant de « ligne rouge qui serait franchie », n’est-il pas temps de rappeler à des médecins conservateurs qu’ils ne sont pas Dieu et à l’Eglise, qui ne représente que ses fidèles, que dans un Etat laïc, c’est au Parlement, expression du peuple, de décider ? En conscience, sans pression et si possible avec dignité.
Source :
« L’Est Républicain » – Pascal Salciarini – 31.10.22