L’ambiguïté de la loi française actuelle …
Colette, une amie de longue date, âgée de 85 ans, m’a demandé de la suivre dans sa démarche de fin de vie.
Atteinte de plusieurs cancers et métastases évolutives, elle a décidé d’arrêter tout traitement après plusieurs années de suivi médical.
Cette décision lui a valu les critiques du corps médical qui la suivait. Cette amie a changé de medecin référent.
Bien que valide et indépendante elle sentait sa mémoire et ses jambes flancher ; Il y a eu 2 ou 3 chutes … mais sa grande angoisse était de se retrouver hospitalisée et de ne plus être maitre de son destin. Ses directives anticipées étaient claires sur ce sujet, mais elle savait qu’elles ne seraient pas respectées avant plusieurs démarches et tentatives de réanimation.
Elle a alors décidé de sa propre mort.
Colette programmait d’aller en Suisse, mais a abandonné vu le coût. Elle a alors envisagé de faire une grosse réserve de médicaments, mais vu la difficulté de tout avaler, et la longue agonie qui s’en suivrait, elle a préféré la solution clandestine …
Alors je l’ai accompagnée dans son dernier souffle ; dès la boisson avalée, elle m’a dit « je sens que je pars, merci pour tout, fini ma galère « et elle s’est endormie .
Alors je me suis dit « voilà une belle mort maîtrisée, volontaire, admirable «
Certes elle pouvait encore vivre plusieurs mois ; mais l’épée était sur sa tête ; avec la certitude, en cas de rechute et de perte de conscience, qu’elle serait hospitalisée avec le risque d’une réanimation ; elle ne voulait pas vivre cette éventualité .
Voilà donc l’ambiguïté de notre loi Française : elle favorise la clandestinité et l’angoisse …
Colette est partie en paix, elle m’a laissé triste mais aussi convaincu que sa décision était la bonne .
« La mort douce » comme dit Nicolas Bringer.
M.B.
Février 2023