Le docteur Bernard Senet a été entendu 36 heures par des gendarmes spécialisés sur un possible trafic de penthotal entre le Mexique, les USA et la France. Le médecin qui aide des personnes à choisir leur fin de vie assure qu’il n’a jamais commandé ce produit.
Le docteur Bernard Senet a été entendu pendant 36 heures par des enquêteurs spécialisés de la gendarmerie le 12 janvier. Le docteur Senet milite pour le droit à choisir sa fin de vie. Il reconnaît qu’il a aidé des patients à mourir. Mais ces malades doivent acheter les produits à l’étranger, notamment au Mexique via les États-Unis. La douane américaine soupçonne un trafic et la justice française est remontée jusqu’à Velleron.
Le docteur Bernard Senet assure qu’il n’a jamais commandé lui-même de penthotal. Il demande que la loi évolue française, car en Belgique ou en Espagne, les malades peuvent accéder à ces produits en fin de vie.
Perquisition à Velleron pour un trafic entre Mexique et USA
Bernard Senet explique que le 12 janvier 2021, « à 7 heures du matin, cinq gendarmes m’ont réveillé. Très corrects, ils ont perquisitionné ma maison, mon ordinateur, mon téléphone portable, mes papiers… Ils cherchaient la confirmation d’un trafic de penthotal. Ce produit n’est pas disponible en France. La douane américaine a signalé à la France un possible trafic depuis les États-Unis ».
Bernard Senet réfute toute participation à un trafic de produits stupéfiants : « je n’ai jamais commandé moi-même de penthotal pour les personnes que j’accompagnais dans leur choix de mourir. Ça pose le problème de la légalisation de la fin de vie. Ça pose aussi le problème des euthanasies clandestines qui peuvent être faites n’importe comment ».
Pas d’incitation au suicide :Le docteur Bernard Senet reconnaît qu’une perquisition, « c’est assez brutal », mais il est surtout « inquiet car il ne faudrait pas qu’on nous accuse de trafic de produit de stupéfiants ».
Le docteur Bernard Senet est aussi soupçonné par les enquêteurs d’exercice illégal de la pharmacie. Pour ce médecin à la retraite, « ça, ce n’est pas très grave ». Mais le médecin s’indigne quand les gendarmes évoquent l’incitation au suicide.
« Non ! On n’a jamais incité les gens au suicide. Je n’ai jamais fait de publicité en disant aux gens ‘venez me voir, je vais vous aider à mourir’. Je peux être inculpé de publicité pour des produits interdits, car je suis passé plusieurs fois à la radio ou à la télé mais j’ai accepté les interviews pour faire avancer les choses. Et j’espère qu’elles vont avancer ».
En Belgique *, en Allemagne et en Espagne, les médecins peuvent légalement prescrire du penthotal ou d’autres produits disponibles pour choisir de mettre fin à sa vie de façon encadrée.
*Pour rappel en Belgique, seul un médecin peut pratiquer cet acte, il est donc toujours présent lors de l’euthanasie (note du Choix)
Source :
« France Bleu Vaucluse » – Philippe Paupert 22.01.2021