En octobre 2019, à 6h du matin, comme 130 autres personnes en France, nous avons été perquisitionnés à notre domicile. Aucune opposition de notre part, suite à la demande des gendarmes j’ai immédiatement accepté de leurs remettre les deux flacons de Pentobarbital en notre possession.
Ensuite nous avons dû subir un interrogatoire qui s’est terminé à 12h.
Mon époux alité à cause d’un cancer généralisé a dû se lever pour y assister.
Très choquée par cette intervention policière, j’ai (à tort et sans discuter) signé la déposition et autorisé la destruction des produits que nous nous étions procurés afin de pouvoir selon son souhait lui assurer le moment venu une fin de vie douce et paisible.
Je précise que je n’étais plus adhérente de l’Association Ultime Liberté depuis 2018.
Mon époux se sachant atteint depuis de nombreuses années d’un cancer inguérissable, avait en pleine conscience rédigé des directives anticipées (son testament de vie) très précises. Paraphées par un avocat, elles furent d’emblée déposées dans son dossier médical et remises à ses personnes de confiance.
Suite à un épisode de dépression respiratoire grave il a été emmené le 03 février 2020 aux urgences du CHU puis, transféré au service d’endocrinologie dans lequel il était suivi.
Chaque jour il disait aux membres de l’équipe soignante vouloir mourir et n’obtenait pour toute réponse « mais voyons, vous êtes confortable Mr D… » !!!
Lors d’une réunion collégiale (dans le cadre de la loi Claeys-Leonetti) qui s’est tenue dans sa chambre en ma présence et celle d’une de ses personnes de confiance dans le service d’endocrinologie du CHU, il a demandé à pouvoir bénéficier d’une sédation profonde pour mettre fin à cette situation insupportable et sans issue. Face au refus des médecins, il a décidé d’arrêter tous ses traitements et accepté d’être transféré en service de soins palliatifs le 10 février 2020. Il est tombé dans le coma la nuit du 17 février et est décédé le 22 soit 6 jours après.
Je l’ai accompagné jour et nuit, je n’oublierai jamais ces 6 jours abominables.
Quelle est cette loi inique qui permet au corps médical de nier les volontés de la personne malade et de ne tenir aucun compte de la souffrance morale des accompagnants ?
Il faut que les directives anticipées deviennent en droit, opposables aux médecins.
Madame D…