L’appel de 272 députés sur la fin de vie : « Nous voulons débattre et voter » **
Après le vote, mercredi soir par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, d’une proposition de loi ouvrant la voie à une légalisation de l’euthanasie, 270 députés de tous bords politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Robin Reda en passant par Valérie Rabault, Yaël Braun-Pivet, François de Rugy, Olivier Faure ou Cédric Villani, et de tous les groupes, de La France insoumise aux Républicains, appellent à débattre du sujet « de façon digne et apaisée ». Et dénoncent le fait qu' »une poignée de députés ont déposé jusqu’à 400 amendements chacun », faisant ainsi de l’obstruction parlementaire. Voici leur tribune :
Mercredi soir, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi donnant et garantissant le droit à une fin de vie libre et choisie, portée par le groupe Libertés et Territoires et soutenue par 225 députés de tous bords. Notre Assemblée s’est honorée lors de ces débats : travail transpartisan, écoute et respect des convictions de chacun ont permis des échanges apaisés et constructifs. Sur un sujet qui renvoie à l’intime et fait parfois rejaillir des expériences douloureuses, notre Parlement se devait d’être à la hauteur. Il l’a été.
Alors que ce débat doit se poursuivre en séance publique le 8 avril prochain, une poignée de députés ont déposé jusqu’à 400 amendements chacun. En deux jours à peine, le nombre total d’amendements s’élevait à 2700. Ce texte étant examiné dans le cadre d’une niche parlementaire – journée réservée à l’opposition – il ne pourra être mis au vote et adopté que si l’examen aboutit avant la fin de cette journée. Le doute n’est plus permis : plutôt que d’enrichir le débat, l’objectif de cette minorité est d’y couper court. Nous dénonçons fermement cette obstruction qui est la négation du travail parlementaire.
Oui, il est temps de débattre du sujet au Parlement, temps d’en débattre de façon digne et apaisée. Cette question traverse notre société depuis quarante ans. Plusieurs textes ont été déposés à l’Assemblée nationale comme au Sénat depuis 2017. Nos concitoyens nous interpellent, attendent que nous en débattions et, pour une majorité d’entre eux, que nous l’adoptions. Le législateur, garant des libertés publiques et des droits individuels, se doit d’étudier la possibilité de reconnaître et garantir un droit nouveau. Ni le débat, ni le vote, doivent être empêchés.
Oui, ce débat est aussi légitime sur une proposition de loi que sur un projet de loi. Comment peut-on être parlementaire et considérer que certains sujets seraient trop « graves » pour être initiés par le Parlement. Rappelons que nombres d’avances de société, de la contraception à la loi Claeys-Leonetti, en passant par le Pacs, émanent du Parlement. Rappelons aussi que la question de la fin de la vie rassemble au-delà des étiquettes politiques comme en témoignent nos amendements transpartisans. Ce dépassement des clivages est la condition de chaque grand progrès de société, mais aussi une des plus belles qualités de notre démocratie.
Nous, députés, de tous bords, voulons débattre. Nous voulons voter. Le temps du Parlement est venu. Respectons-le
** dont Olivier Falorni (Libertés et territoires LT),Valérie Rabault (Socialistes et Apparentés SOC),Olivier Becht (Agir ensemble AE),Jean-Luc Mélenchon (la France insoumise LFI), Jean-Louis Touraine (La République en marche LREM), Marine Brenier (Les républicains LR), Marie-Noëlle Battistel (SOC), Philippe Vigier (MoDem et apparentés), Agnès Firmin Le Bodo (AE), Caroline Fiat (LFI), Yaël Braun-Pivet (LREM), Maxime Minot (LR), François de Rugy (LREM), Guillaume Chiche (non inscrit), Roland Lescure (LREM).
Source :
« Le Journal du Dimanche » 03.04.21
Fin de vie libre et choisie : pour à 100 %. Les autres n’ont pas à choisir pour nous.
Effectivement notre vie nous appartient et sa fin aussi, laissez-nous agir comme nous le voulons. Evoluons un peu , cette réalité nous concerne TOUS.
Une fois de plus la France sur une question sociétale est en retard.
Oui le Parlement doit voter cette Loi. Les députés ne doivent pas nous voler un droit inaliénable à chaque citoyen le droit de mourir dans la dignité.
Ce droit et ce choix est individuel, il n’empiète absolument pas sur le droit inaliénable de chaque citoyen le droit de vivre et de mourir comme il l’entend.
Mesdames et Messieurs les députés, un peu de courage.
Ce n’est pas pendant une dictature sanitaire, ni l’état d’urgence que des lois aussi importantes doivent être votées ! c’est dégoutant et dangereux ! il faut un véritable débat !
nous sommes dans une politique de fermeture de lit avec la T2a meme avec la soi disante pandémie, ( il ni a pas un problème ?)attention, il faut légiférer sur la fin de vie MAIS pas actuellement pas n’importe comment !
Soignons déjà correctement, et c’est loin d’être le cas !!! les directives anticipées des patients existent mais ne sont pas suivies, les traitements antalgiques ne sont pas toujours mis en place, attention, il manque du personnel partout, et spécialement du personnel formé !
Allons nous arriver à des euthanasies à domicile pour ne pas encombrer les services d’urgences ??? Faire du palliatif c est respecter la fin de vie, nous n’en sommes pas capables !
Je répète, le moment de telles lois ce n’est pas maintenant !!! pensez à la loi sur l’avortement à 9 mois de grossesse qui va passer au sénat…tout cela sent mauvais…
Bonjour,
En France, ce débat n’est pas nouveau…il dure depuis 40 ans, il a fallu moins de temps à nos amis du Benelux ou du Canada, pour ne citer qu’eux, pour se doter de lois empreintes d’humanité. Il n’est certainement pas question de pratiquer des euthanasies pour désengorger des services hospitaliers.
L’aide médicale à mourir et les soins palliatifs ne sont pas ennemis mais complémentaires. l’essentiel étant que chaque personne puisse choisir sa fin de vie, ce qui n’est toujours pas le cas dans notre pays. L’interruption médicale de grossesse (IMG), qui diffère de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
L’IMG peut se pratiquer jusqu’au neuvième mois, mais uniquement sur décision d’un collège de professionnels et dans des situations précises, ce n’est pas une IVG, quoi qu’ait voulu laisser croire un philosophe français. Pour en revenir à la question de fin de vie, c’est toujours le moment d’en parler et après 40 ans, il est grand temps d’obtenir cette loi, même si nous avons peu de chances de l’obtenir à court terme.