Atteint d’une maladie incurable, le Dijonnais est mort dans un suicide assisté en Suisse. Il avait déjà tenté de cesser ses soins en septembre et en octobre.
Par Thibaut Déléaz
« Je bois à votre santé une dernière fois. Le chemin de la délivrance commence, et, croyez-moi, j’en suis heureux. » C’était le 4 septembre 2020. Atteint d’une maladie orpheline incurable, Alain Cocq avait mis fin à ses traitements et cessé de s’alimenter et de s’hydrater pour se laisser mourir, avant de reprendre les soins face à la douleur. Nouvelle tentative, en vain, en octobre. C’est finalement en Suisse qu’il a eu recours à un suicide assisté. Il est décédé ce 15 juin 2021 à l’âge de 58 ans, a annoncé son entourage.
Cloué au lit par la douleur depuis des années, Alain Cocq avait sollicité cet été Emmanuel Macron pour lui demander de le laisser partir à titre exceptionnel. Début septembre, le président lui répond dans une lettre que, bien que « très sensible et admiratif [de ses] combats », il ne se « situe pas au-dessus des lois » et ne peut accéder à sa demande. Alain Cocq a donc choisi de se laisser mourir, et a souhaité diffuser son dernier combat en direct sur Facebook, pour « montrer aux Français ce qu’est l’agonie obligée par la loi Leonetti », qui n’autorise une sédation que lorsque le pronostic vital est engagé à court terme, ce qui n’était pas son cas.
« En phase terminale depuis 34 ans »
Las, sa diffusion a été suspendue par le réseau social qui l’estime contraire à ses standards. Si Facebook dit respecter « sa décision de vouloir attirer l’attention sur cette question complexe », le réseau social rappelle que ses règles « ne permettent pas la représentation de tentatives de suicide ». « Ce n’est pas un suicide », a rétorqué Alain Cocq.
Celui qui se décrivait « en phase terminale depuis 34 ans » n’a cessé de se battre contre l’exclusion des handicapés et pour faire évoluer la loi sur la fin de vie et permettre de partir dans la dignité. Dans les années 1990 et au début des années 2000, il avait entamé plusieurs périples en fauteuil roulant à travers la France et l’Europe pour ouvrir le débat, avant de ne plus pouvoir quitter son lit.
« Le moment où je m’éteindrai sera une délivrance, le combat continuera après moi », avait-il écrit sur Facebook. Un combat pour faire évoluer la loi que compte bien porter l’association Handi mais pas que !, qui a soutenu Alain Cocq jusqu’au bout.
Source :
« Le Point » – Thibaut Déléaz – 15.06.21