Un entrepreneur marseillais se livre à France Bleu Provence. Le 22 juin 2021, il a aidé son père « à partir ». L’homme était atteint de la maladie de Charcot et ne voulait pas assister à sa propre déchéance. Voilà qui relance le débat sur la fin de vie.
Ses yeux bleus sont rieurs et parfois mouillés de larmes. Tout est résumé dans ce regard qui hésite entre le sentiment du devoir accompli et la tristesse des adieux. Le 22 juin dernier, Laurent, entrepreneur marseillais, passionné de chasse, a assisté avec une partie de sa famille à la mort programmée de son père, Richard, qui venait de se découvrir atteint de la maladie de Charcot.
« Il venait de sortir du coma après plusieurs attaques cardiaques, son état se dégradait depuis des semaines. Les analyses neurologiques ont révélé qu’il était atteint de la maladie« . L’homme n’hésite pas une seconde : « Il s’exprimait grâce à sa tablette. Et il m’a écrit : c’est Charcot, je veux m’en aller, je veux partir ». Une annonce faite le jour de la fête des pères.
« Il a été piqué à 14h15, deux minutes plus tard il fermait les yeux. »
La cérémonie s’organise alors : « Il voulait six personnes proches à ses côtés, on a choisi les fleurs, sa tenue, son cercueil, on a tout décidé ensemble, et ensuite on a convaincu le corps médical du service de réanimation de le sédater et de nous laisser lui dire au revoir« .
Deux jours plus tard, tout le monde se retrouve dans la chambre du patient encore conscient : « Il nous a donné une vraie leçon de courage, on a fait un point sur les affaires courantes, puis il a dit au revoir à chacun d’entre nous. Une infirmière a procédé à la piqûre de Fentanyl à 14h15. À 14h17 il fermait les yeux. Il est mort à 20h15. Je suis resté auprès de lui tout ce temps-là. »
« La mort, c’est un droit. »
Aujourd’hui, Laurent ne regrette pas, mais il se demande nuit et jour si, avec sa famille, ils ont fait le bon choix : « On lui a évité des souffrances atroces, mais on se pose toujours des questions, aurait-on pu faire autrement ? »
Pour autant, il ne remet pas en question le procédé : « J’ai vu mon père sur son lit d’hôpital, nu, avec des tuyaux de partout, suppliant son fils d’abréger ses douleurs. J’en rêve toutes les nuits. Je ne le souhaite à personne, même pas à mon pire ennemi. On n’a pas le droit d’interdire à des patients de mourir dans la dignité. La mort, c’est un droit. »
Source :
« France Bleu Provence » – Fabien le Dû – 21.09.21