Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste
L’auteure a commencé ce livre à la fin de la Covid, quand on sortait dans une sorte d’hébétude de confinements successifs. Elle avait été révoltée par le traitement qu’on imposait aux personnes âgées.
La société ne s’en occupe en général guère et, là, on s’acharnait à les maintenir en vie, on les intubait avec des conséquences parfois horribles, tout en les isolant !
Un discours inhumain pour Emmanuelle Pirotte .
Dominique Biron, son héroïne a 81 ans et a été diagnostiquée Alzheimer, pouvait incarner beaucoup de choses en rapport avec la fin de vie, la vieillesse, la mort et comment tout cela avait été réapproprié par une certaine doxa.
L’auteure a souhaité bousculer les choses en secouant le “politiquement correct”. Dominique porte une forme de colère. Chacun est préoccupé par sa finitude, la fin de l’humanité est même évoquée.
Dominique a choisi sa fin, cet acte qu’elle pose seule, la libère, il est pour elle jouissif car jusque-là elle n’avait jamais posé vraiment d’actes libres.
« Je m’appelle Dominique Biron et j’ai décidé de mourir dans trois jours. C’est le temps qu’il a fallu au Christ pour revenir d’entre les morts, ça me suffira bien pour faire mon petit ménage. »
L’auteure défend évidemment l’euthanasie et pense aussi qu’une assistance au suicide, devrait être possible dans certaines circonstances.
Pour elle, quand on arrive dans le grand âge, le suicide peut être un geste “vivant”.
Emmanuelle Pirotte est Belge, elle estime que dans son pays l’euthanasie reste très compliquée.
Nous sommes encore dans une société très judéo-chrétienne avec l’idée qu’on ne dispose pas de sa vie. Pour elle : forcer les gens à rester en vie peut être plus mortifère que leur permettre de mourir.
Emmanuelle Pirotte
Ed. du Cherche-Midi – 2024