Pendant une demi-heure, j’ai eu un échange très franc avec le député Olivier Falorni qui a déposé une proposition de loi en 2017 donnant « le droit à une fin de vie libre et choisie » (quatrième projet actuellement déposé à l’Assemblée nationale). Il travaille avec Jean-Louis Touraine avec le même objectif.
Lui aussi ne comprend pas pourquoi les politiques ne s’emparent pas d’un tel projet soutenu par 90 % de la population, qui ne coûterait pas un sou à l’État et rendrait populaire le rapporteur d’une telle loi.
Néanmoins, j’ai attiré son attention sur trois points qui peuvent réduire la portée de la future loi :
– Supprimer la formule « en phase avancée » qui ne veut pas dire grand-chose et qui peut être un frein aux indications. Se limiter à « maladie grave et incurable », écrit juste après
– Éviter de parler de « souffrances insupportables » sauf s’il est précisé que le malade en sera juge, et lui seul.
– Réduire le nombre de médecins donnant leur avis. Trois c’est beaucoup trop ! Avec le risque que soit sollicité un médecin des soins palliatifs opposé à la loi pour que toute indication échoue. Se limiter à deux personnes, deux médecins comme dans la loi belge, en cas de décès prévisible à brève échéance (On pourrait également envisager que l’un des deux soit remplacé par une infirmière ou la personne de confiance, surtout pour les médecins isolés, travaillant à la campagne.).
Sur ces trois points Olivier Falorni était finalement d’accord. Il reconnaissait aussi que le parlement n’économiserait pas un vrai débat conflictuel comme c’est chaque fois le cas d’un vote parlementaire sur un sujet sociétal. Il n’était donc pas souhaitable de rechercher le consensus absolu, au risque de réduire la portée de la loi.
Il a reconnu que la liberté de choisir sa fin de vie était le sujet qui illustrait actuellement le mieux le fossé profond existant entre les élus et la population.
A suivre… Débat prévu pour le 8 avril 2021.
Denis Labayle
Coprésident du Choix