Mon cousin, X…, né en 1934, en milieu rural, appelé en Algérie. Puis marié, 2 enfants, VRP, capitaine des pompiers dans la force de l’âge et d’autres engagements sur sa commune. Bon vivant.
Il est décédé en juillet 2012, au CHU de …sur une période de canicule.
Cardiaque et diabétique depuis plusieurs années. Porteur d’un Pacemaker, avec un traitement d’anticoagulant, prise de sang quotidienne, heureux malgré tout chez lui avec sa femme, ses filles et surtout ses petits-enfants.
Une grande maison et des amis, le foot et le tennis à la télé. Des balades dans la campagne….
Souvent et puis après…très souvent, il fait des séjours en cardiologie au CHU de sa région. Ça se passe bien, il est agréable avec le personnel, plaisante avec les infirmières. Et pour le retour, c’est l’HAD : hospitalisation à domicile. Bon, ça fonctionne sur plusieurs années, malgré l’épuisement de sa femme, ma cousine qui n’est plus jeunette.
Je passe aux faits terribles : En 2012, avant dernière hospitalisation, X… est très fatigué avec une rétention d’eau et un œdème. Ce qui veut dire que le cœur n’en peut plus, la fonction rénale aussi.
Il a des veines toutes éclatées par les prises de sang, les perfusions. Les changements et poses de cathéter sont très douloureuses.
Les c…. qui me choquent : manque de place, 3 lits sont casés dans une chambre prévue pour 2. Une salle d’eau pour les 3 patients.
L’un est fraîchement opéré, l’autre ne va pas bien et mon cousin est le plus mal en point.
La nuit, ils sont tous gênés pour dormir correctement alors qu’ils sont cardiaques.
La journée, on se gêne les uns les autres avec les proches respectifs pour faire une visite, un bisou, pas d’intimité possible…Les 3 hommes dans leurs lits et les visiteurs sont tous en vitrine par rapport aux autres.
Une bécasse d’aide-soignante ouvre la porte au 3/4…avec 3 lits dans la carrée, on ne peut plus pousser la porte en entier…et lance un tonitruant « Ces messieurs vont bien ? ».
Paf, elle referme la porte aussi sec sans un regard et sans attendre une réponse.
Les médecins font du palliatif. Lui et nous comprenons que son état va empirer.
Retour à domicile pour une dizaine de jours.
Nouvelle hospitalisation en cardiologie, toujours le même service depuis plusieurs années.
Et l’horreur… Mon cousin est agité. Mal foutu, il vomit, a soif. Il a mal et il étouffe. Il en a marre de se faire trouer les veines des bras, il arrache la perf.
Alors, changement radical : Passage en chambre seul. Plus traité en personne adulte. Contention des poignets et chevilles. Une perfusion est posée sur une veine de la cheville.
Mon cousin pète les plombs et insulte le personnel, sa femme et l’une de ses filles. Il leur crache dessus. Il ne peut pas mordre puisqu’il n’a plus ses appareils dentaires.
Les prises de sang plusieurs fois par jour sont maintenues pendant …4jours.
Il a soif, réclame sans arrêt à boire…Interdiction formelle car il fait toujours de la rétention d’eau. La chambre n’a pas de clim, nous sommes en juillet, dehors il y a entre 35 à 38° et la chambre est située à l’est.
Je n’ai plus le droit d’entrer et dois rester à la porte de la chambre. Le personnel dit » Ça va le perturber encore plus.
Seulement sa femme et ses deux filles. » Ses petits-enfants sont forcés aussi à faire les plantons dans le couloir. Finalement, il vaut mieux éviter cette épreuve inhumaine à des ados.
X… n’a plus la force de se débattre des contentions. La chambre est un four, plus de drap, sa chemise d’hôpital ne cache pas ses jambes et même davantage.
La porte de la chambre reste ouverte. Cela permet au personnel qui passe dans le couloir de le surveiller, de jeter un œil pour pas cher avec un manque de bienveillance et une habitude routinière.
Traumatisant…
Et le reste :
C’est mon cousin par alliance. Il a une fille préparatrice en pharmacie. Je ne me suis pas senti le droit de m’imposer pour aller près de son lit d’agonie et lui donner de l’eau autant qu’il en
réclamait, de le détacher.
J’ai appris après que le cardiologue pour qu’il meure enfin n’a pas voulu : faire une sédation ni une euthanasie bien entendu, a trouvé une autre torture : le 5ème jour, le pacemaker a été retiré ou arrêté. L’ayant appris par un autre proche bouleversé… je n’ai pas posé de questions précises. J’ai été le réceptacle de paroles confiées.
CHU de la L…, bien classé, bien noté sur la chirurgie cardiaque. Pas sur l’éthique.
Mme C.R.
Mars 2025