Tombée à 98 ans, fracture du bras (près de l’épaule) et du col du fémur, elle voulait ne pas se réveiller après l’opération… Elle l’a réclamé à tous ceux qui se sont occupés d’elle médecins inclus, sourds à sa demande… Interdit...Opération « réussie », puis elle a failli mourir du choc opératoire : grosse anémie, délires agoniques, pas question de laisser faire, on lui a fait des poches de sang multiples pour la remettre d’aplomb… oui mais le cerveau a été atteint, ensuite, pertes de mémoire, de repères…
Ils l’ont très mal soignée : pas de kiné, pas de rééducation pour marcher, je l’ai récupérée affaiblie au bout d’un mois, une énorme escarre au talon faute de soins adaptés… Enfin chez elle, j’ai pu avoir un kiné et elle a pu réapprendre à marcher. Mais elle n’a pas retrouvé la mémoire perdue. Il a fallu la mettre dans un Ehpad. 3 ans de dégradation progressive, avec un personnel dévoué mais en nombre très insuffisant.
À 101 ans elle va mourir, mais le médecin la trouve encore en pleine forme 3 jours avant sa mort !!! on se demande quelle formation ils ont ? alors qu’elle est devenue grabataire depuis 3 semaines (diarrhée infectieuse ? qui ne passe pas), elle ne peut même plus se redresser sur l’oreiller, elle tombe du lit mais on refuse de mettre des barres pour l’empêcher de tomber !
Elle refuse de manger, elle crache les médicaments qu’on lui donne, j’ignore quoi… Elle veut boire seule : çà les embête car elle refuse l’eau qui stagne sur la table et qu’elle ne peut pas attraper de toutes façons : il faut lui mettre le verre à demi plein dans les mains, et lui faire boire ce qu’elle aime : jus de fruits, thé café… trop compliqué à l’Ehpad ! J’ai dû faire du sitting tous les jours pour çà et acheter les jus de fruits !
Et bien sûr elle a refusé toutes les machines à vivre auxquelles on voulait la brancher :
J’ai dû me battre avec la direction de l’Ehpad, mais cette fois elle avait signé ses directives anticipées dans laquelle elle avait noté son refus de toute machine à vivre… et donné son « projet de vie » : mourir pour rejoindre son mari au cimetière !
J’ai obtenu gain de cause avec « rage » : en faisant scandale dans l’Ehpad : ils devaient respecter ses directives, à 101 ans elle parlait de la mort comme du repos bien mérité…
Elle est morte dans son lit sans machines, mais sans sédation non plus…elle ne hurlait pas mais souffrait moralement de voir son agonie si longue.
Elle avait retrouvé sa conscience et nous reconnaissait à nouveau mon frère et moi.
Elle aurait aimé que ça dure moins longtemps même si elle était opposée à l’euthanasie, contrairement à mon père et ma grand-mère qui trouvaient l’euthanasie en fin de vie naturelle et humaine.
Merci pour tout ce que fait « Le Choix » avec un gouvernement obtus…
Jacqueline Salenson – 2021