Au procès de militants d’Ultime Liberté pour le suicide assisté : «C’était si compliqué de devoir mentir»
Libération
par Apolline Le Romanser
publié le 16 septembre 2025
Le tribunal correctionnel de Paris a décidé de ne pas transmettre la question prioritaire de constitutionnalité déposée lundi 15 septembre par les avocats de la défense, laissant l’audience se poursuivre normalement.
Valérie se tient droite à la barre, ses lunettes posées sur une feuille de papier imprimée. S’y trouve ce témoignage qu’elle ne pensait pas pouvoir livrer sans lire : elle débite pourtant son récit sans hésiter, même si sa voix tremble par moments. Elle raconte cette mort programmée qu’elle a dû taire, d’abord auprès de ses proches, puis des policiers. Celle de sa mère, 76 ans, qui a choisi de se suicider avec une dose de pentobarbital, un barbiturique interdit en France hors soins vétérinaires. L’appartement de la septuagénaire a été perquisitionné le lendemain de sa mort, au même moment qu’une centaine d’autres lieux partout en France. Mais le flacon recherché par les autorités était désormais vide. La mère de Valérie a adhéré à Ultime Liberté pour pouvoir mourir avant que la maladie de Charcot ne s’étende trop. «Nous l’avons fait dans le secret. C’était si compliqué de devoir mentir», raconte sa fille six ans plus tard, la gorge serrée.