Frontalière avec la Belgique, un pays qui a dépénalisé l’euthanasie depuis 20 ans, j’aide des malades Français à traverser les frontières pour accéder à cette mort douce et choisie qui nous est refusée en France.
Ma rencontre avec la Présidente d’une association suisse m’a permis d’orienter des malades aussi vers ce pays qui reconnait le droit au suicide assisté.
Ces deux pratiques permettent aux malades de terminer leur vie selon leur souhait sans être obligés d’attendre la phase terminale d’une maladie incurable ou de vivre avec des handicaps trop lourds à supporter.
La France, en ne voulant pas légiférer sur ce sujet oblige nos compatriotes malades à cet exil forcé dès lors qu’ils n’en peuvent plus de vivre une vie devenue insupportable. La dignité est une notion propre à chacun d’entre-nous, et personne n’a le droit de décider à notre place quand la mort se profile à l’horizon.
Je n’adhère pas aux réflexions de ceux que l’on prétend « experts » (souvent des biens-portants) qui dénigrent les lois des pays qui ont dépénalisé l’euthanasie, car, pour moi, chacun d’entre-nous est le meilleur expert qui soit pour lui-même.
En 1975, Simone Veil a eu le courage de faire voter une loi qui dépénalisait l’avortement. Qui aura le courage, en 2022 de faire voter une loi qui légalisera l’euthanasie et rendra la mort un peu plus humaine en stoppant l’hypocrisie et « l’autruchocratie » qui fait dire aux opposants qu’une sédation « profonde et continue jusqu’au décès » (donc terminale !) n’est pas une euthanasie ! C’en est une mais juste différée dans le temps, la mort survenant après une agonie plus ou moins longue et douloureuse.
Je reprendrai ici la définition du prêtre belge Gabriel Ringlet qui dit :
« Que l’on choisisse la sédation ou l’euthanasie, dans les deux cas, on décide sciemment de mettre fin volontairement à la vie de quelqu’un »
Je terminerai en disant que sans le respect du libre choix des malades, il n’est pas de mort sereine.
Claudette Pierret
Juin 2022